Act Up-Paris est membre fondateur d’un interassociatif sur la prévention. La PIP (Plateforme Interassociative de Prévention) rassemble les grandes associations historiques de la lutte contre le sida en France (Act Up-Paris, Aides Ile-de-France, Arcat, le Crips, Sida Info Service). Elle devrait rapidement intégrer une association de migrantEs et une association de femmes.
L’augmentation des comportements à risque observée dans la communauté gay depuis plusieurs années a généré de nombreuses polémiques sur la prévention homo. Le besoin d’un discours commun se fait ici le plus sentir et la PIP entend dans un premier temps y travailler. Mais les nouveaux enjeux de l’épidémie de sida chez les femmes ou les migrants sont aussi prioritaires pour la plateforme. La PIP devrait permettre d’élaborer un consensus sur les problématiques de prévention et de construire des revendications politiques unitaires vis-à-vis des pouvoirs publics mais aussi des agences et des institutions de recherche.
Depuis l’arrivée des trithérapies, l’engagement de l’Etat de matière de lutte contre le sida n’est plus à la hauteur du développement de l’épidémie en France. Il n’y a jamais eu autant de séropositifVEs en France qu’en 2006 et chaque année le nombre de nouvelles contaminations est en augmentation. Trop longtemps les pouvoirs publics ont prétexté des désaccords associatifs pour se dédouaner de leurs responsabilités dans la lutte contre l’épidémie. Un discours fort et commun doit aujourd’hui pouvoir leur être opposé pour renforcer les actions de prévention.
La plateforme va aussi permettre la construction d’une expertise associative sur les questions de prévention à partir de la documentation scientifique et médicale. A la manière du TRT-5, la PIP sera en position de revendiquer les recherches spécifiques nécessaires aux acteurRICEs de prévention pour mener leurs actions.
En participant à la PIP, les associations seront en mesure de réaffirmer un cadre clair et audible pour touTEs sur les prises de risque en proposant un tronc commun sur la prévention. Il s’agit de ne pas laisser la place au développement de fausses croyances sur la transmission du VIH. La PIP offre aussi un espace de réflexion et de discussion ouvert aux associations pour faire face aux nouveaux défis de la prévention. Les associations membres travaillent déjà sur la question de la fellation, des autotests et le problème du sérotriage. Par la suite la plateforme sera sans doute amenée à s’interroger sur l’articulation entre le développement d’approches épidémiologiques pour limiter l’incidence du VIH/sida et le maintien d’une prévention individuelle si l’on souhaite que ces nouvelles stratégies puissent présenter un quelconque intérêt.
L’activité de la PIP repose sur la mise en commun des compétences et des expériences respectives de chacune des associations qui y participent. Par principe, la plateforme préserve les spécificités de chacune des associations signataires tout en œuvrant à les rendre complémentaires par la recherche permanente de consensus. Il ne s’agit donc pas d’unifier les approches et les stratégies de prévention mais de mieux articuler le travail de chaque association pour améliorer la pertinence des actions. Travailler ensemble nous rendra plus fortEs. Cela permettra surtout d’enrichir la réflexion associative pour inventer de nouvelles réponses face au développement de l’épidémie, de donner un nouveau souffle à la prévention en France.