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Lors de la conférence internationale sur le sida à Durban en juillet dernier, le Dr. Van Damme a annoncé les résultats de l’ensemble des essais ONUSIDA/Columbia Laboratories menés en Afrique et en Thaïlande sur le Nonoxynol 9 (N-9), utilisé dans l’indication de microbicide préventif, empêchant la transmission du VIH.

Un gel microbicide est un produit qui s’applique dans le vagin ou le rectum avant un rapport sexuel, et qui a la particularité de tuer — en principe — les microbes et les virus. L’idée est de réduire, voire d’empêcher la transmission des maladies sexuellement transmissibles.

De 1996 jusqu’à mai 2000, ONUSIDA a commandité une étude sur l’efficacité d’un gel qui contenait 52,5 milligrammes de N-9, un produit déjà largement répandu et utilisé comme spermicide. Pour les besoins de cette étude, près de 1 000 professionnelles du sexe séronégatives ont été recrutées. En plus de l’utilisation de préservatifs, elles ont été  » invitées «  à employer un gel vaginal chaque fois qu’elles avaient des rapports sexuels. La moitié a reçu un gel placebo, l’autre moitié du gel N-9.

Tous les essais confirment l’inefficacité et la toxicité du Nonoxynol 9.  » Nous avons été consternés de découvrir que le groupe utilisant le gel N-9 avait un taux d’infection à VIH plus élevé que le groupe utilisant un placebo «  a déclaré le Dr Joseph Perriens, qui dirige les activités de l’ONUSIDA sur les microbicides.  » Le groupe test comptait 59 infections, contre 41 dans le groupe placebo, ce qui représente une différence significative « . Les femmes avaient pris l’habitude d’utiliser le gel N-9 seul, sans préservatif, car elles pensaient se protéger. Non seulement le gel ne les a pas protégées, mais elles ont eu des lésions vaginales, qui ont facilité la transmission.  » Bien que l’incidence de l’infection à VIH dans les deux groupes de cette étude ait été plus faible que celle observée dans la population non traitée, dans laquelle les volontaires avaient été recrutées, il est certain que le taux d’infection a été plus élevé avec le gel N-9 qu’avec la préparation placebo utilisée comme contrôle « , a ajouté le Dr Perriens. Joseph Perriens oublie juste de préciser que ces 100 personnes sont condamnées à mort du simple fait d’avoir participé à cette étude, en l’absence d’accès à un traitement antirétroviral.

Malgré ces résultats catastrophiques, les essais sur le Nonoxynol 9 se poursuivent partout dans le monde, à la recherche d’un illusoire dosage optimal. Un essai intitulé Conceptrol (financé par la coopération américaine USAID et Family Health International ), qui emploie une concentration deux fois plus élevée de N-9, c’est-à-dire deux fois plus dangereuse pour les muqueuses, est toujours en cours au Cameroun.

L’intérêt que pourrait représenter la découverte d’un microbicide efficace et l’espoir que suscite cette découverte ne doivent pas conduire à l’abandon des principes éthiques et de la rigueur scientifique les plus élémentaires. Nous demandons que les objectifs de la recherche sur les microbicides soient redéfinis clairement, et que soit garanti un cadre d’expérimentation scientifique et clinique équivalent à celui de la recherche médicale pratiquée dans les pays du Nord.

En juillet dernier, Act Up-Paris communiquait par voie de presse, pour demander l’arrêt immédiat de tous les essais en cours sur le N-9. En août, le Center for Disease Control, aux Etats-Unis, recommandait enfin de ne pas utiliser ce produit. Des essais au Zimbabwe et en Zambie viennent d’être arrêtés.

A suivre tout de même. Nous restons vigilants.