Les médias se font l’écho depuis lundi de l’outing de Jean Luc Roméro, président des « Elus locaux contre le sida », par le journaliste Alain Royer dans l’hebdomadaire gay gratuit Emale.
Certains médias, certaines associations s’accordent à utiliser comme référence la campagne d’outing lancé par Act Up-Paris le 8 mars 1999 et en soulignent les prétendues dérives. Act Up-Paris a en effet menacé d’outing un député homosexuel présent à la manifestation contre le PaCS du 31 janvier 2000, qui a été le théâtre d’une haine anti-homosexuelle sans précédent. Mais l’outing, tel que nous l’entendons, n’a de raison d’être que parce qu’il est dirigé contre des ennemis de la communauté homosexuelle. Et c’est bien pour cette raison que nous avions décidé de le faire contre ce député.
Nous sommes évidemment choqué par l’immiscion dans la vie privée de tout citoyen. Nous soulignerons néanmoins l’hypocrisie qui consiste à se retrancher derrière l’alibi de la distinction public/privée quand il s’agit d’homosexualité : aujourd’hui, c’est bien cette contradiction entre la vie privée et les positions politiques de certains hommes et femmes publics qui leur interdit de répondre à des insultes qui leurs sont aussi adressées. En continuant à se taire, ils accréditent l’idée selon laquelle l’homosexualité est un motif de honte.
Nous nous étonnons également que Jean-Luc Roméro, ainsi que les personnes qui le soutiennent, se pose en victime de l’outing. On doit se demander ce qui pousse des gays et des lesbiennes militant depuis des années dans les associations de lutte contre le sida et pour le droit des gays et des lesbiennes, à cacher encore leur homosexualité.
En outre, sans l’action menée par Jean-Luc Roméro lui-même vis-à-vis des médias (communiqué de presse à l’AFP, etc..), et sauf à considérer que sa famille lit avec assiduité la presse gratuite gay diffusée dans les bars du Marais, il semble clair que c’est Jean-Luc Roméro lui-même qui a fait la publicité d’un texte qui, sans son intervention, serait resté confidentiel.