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J’ai 32 ans. Comme 8 000 personnes séropositives en France, je suis actuellement en échec thérapeutique. Plus aucun traitement n’a d’effet sur moi. Après une accalmie de quelques mois et onze ans de lutte contre la maladie, ma vie est à nouveau menaçée. Mais qui s’interressera encore à huit mille morts-vivants ?

J’ai par conséquent décidé d’entamer une grève de la faim qui a débuté jeudi soir, pour faire entendre la voix de 8 000 malades en France, et tenter d’obtenir :
– La démission de Dominique Gillot, ministre de la Santé,
– Des mesures claires et immédiates concernant la mise à dispositions des nouveaux médicaments à l’ensemble des malades en situation d’échec thérapeuthiques,
– La mise en place par le gouvernement de procédures de contrôles, d’information concernant l’état de la recherche et sa diffusion,
– Des mesures financières pour relancer la recherche et le soutien aux associations militantes,
– Un plan de mesures concernant la prise en charge du sida en milieu carcéral,
– L’élaboration, à l’initiative de la France, d’un vrai programme international d’aide aux pays du Sud,
– Réforme et revalorisation de l’AAH,

En résumé, une position ferme et claire des pouvoirs publics qui tende à prouver que le gouvernement de Monsieur Jospin n’a pas renoncé, sitôt les projecteurs éteints, à faire de la lutte contre le sida une priorité. Il ne s’agit en France  » que  » de 8 000 personnes. La situation ailleurs est pire encore. Devons-nous nous en consoler ? Depuis 15 ans en France, l’épidémie est passée du stade de catastrophe sanitaire mobilisant comme jamais l’opinion, à celui d’un drame humain parmi d’autres, pour devenir enfin un gentil petit génocide discret de 8 000 cas qui n’interressent plus personnes. 7 999. 7 998. 7 997…..