Aujourd’hui, une quinzaine de militantEs d’Act Up-Paris ont interrompu la session du Congrès annuel de l’Association Dentaire Française (ADF) consacrée au thème « Hygiène et asepsie ». Ils et elles ont obtenu d’y intervenir aujourd’hui à 15 heures. Ils et elles entendaient dénoncer les refus de soins dont de très nombreuxSES séropositifVEs sont victimes de la part des chirurgienNEs-dentistes. Un refus odieusement discriminatoire qui tend également à démontrer une méconnaissance, voire un mépris, des règles fondamentales d’asepsie.
D’après le sondage réalisé, en 2005, par Sida Info Service sur les discriminations dont sont l’objet les séropositifVEs, 45 % des personnes interrogées se sont déclarées victimes de discrimination de la part du milieu médical, premier domaine de discrimination ; de manière récurrente, les dentistes sont citéEs comme les plus concernéEs par ces pratiques discriminatoires. Pourtant, en mars 2005, le Conseil national de l’Ordre des chirurgienNEs-dentistes a, en termes très clairs, rappelé à l’ordre ses membres sur la « discrimination inadmissible » que représente le « refus de prise en charge des pathologies bucco-dentaires » des séropositifVEs, le refus de soins ne pouvant « en aucun cas être justifié par l’état de santé d’un patient ». Il rappelait également à cette occasion que de tels actes étaient passibles de sanctions pénales et disciplinaires. Ces refus de soins traduisent en outre le manque effarant de connaissances et de compétences de ces praticienNEs dans les domaines de l’hygiène et de l’asepsie. En effet, on sait que les « précautions universelles » en la matière (port de gants, recours à du matériel stérile ou à usage unique etc.) constituent déjà un bouclier efficace contre les risques de transmission virale. La prise de précautions redoublées pour les séropositifVEs ne se justifie donc absolument pas. Elle est même en soi absurde car elle ne tient pas du tout compte d’une donnée fondamentale de l’épidémie : le grand nombre de séropositifVEs (50 000) qui sont dans l’ignorance de leur propre statut sérologique. La logique, tout comme le principe de non-discrimination, commanderaient donc que les « précautions universelles » en matière d’hygiène et d’asepsie soient appliquées à touTEs les patientEs. Ce serait d’ailleurs vraiment la moindre des choses. Les praticienNEs qui refusent de soigner des séropositifVEs invoquent leur inquiétude des risques que le VIH soit transmis à leurs autres patientEs. Ils et elles feraient bien de se soucier des risques que leur application aléatoire et discriminatoire des précautions sanitaires fait courir aux séropositifVEs, personnes immunodéprimées qui ne peuvent inconsidérément être exposées aux risques viraux ou bactériens. Cette discrimination fondée sur l’état de santé, est d’autant plus insupportable que les séropositifVEs sont déjà et régulièrement confrontéEs à des discriminations socio-économiques : comme beaucoup de titulaires de la CMU, l’accès aux soins dentaires leur est impossible, alors que l’hygiène et les soins bucco-dentaires sont un enjeu majeur pour la santé des personnes séropositives. 25 ans après le début de l’épidémie, les dentistes sont toujours l’une des professions de santé les moins bien formées et les moins soucieuses de se former à propos du VIH. S’ils et elles appliquaient dans tous les cas et pour touTEs leurs patientEs les précautions universelles en matière d’asepsie et d’hygiène, non seulement ils et elles se protégeraient eux-mêmes mais ils et elles veilleraient aussi à la protection de l’ensemble de leurs patientEs, séropositifVEs ou non au VIH. Act Up-Paris exige : – que le Conseil National de l’Ordre des chirurgienNEs-dentistes fasse respecter son rappel à l’ordre de 2005 et qu’il sanctionne les praticienNEs contrevenantEs ; – que l’Association Dentaire Française prenne publiquement position contre les refus de soins pratiqués par les chirurgienNEs-dentistes à l’encontre des personnes séropositives.Act Up-Paris annonce qu’elle saisira, dans les prochaines semaines, le Conseil National de l’Ordre des chirurgienNEs-dentistes et la HALDE des cas de refus de soins portés à la connaissance de l’association.