Le lobby catholique a gagné : à la fin du mois d’août, le Conseil d’Etat a décidé d’interdire les deux pauvres heures de prévention scolaire péniblement arrachées en 1996. La balle est désormais dans le camps de Ségolène Royal. Au vu de ses décisions passées et des tendances actuelles en matière de prévention, il y a de quoi être pessimiste.
Sous la pression de la confédération nationale des associations familiales catholiques, le Conseil d’Etat (Conseil d’Etat du 29 juillet, Confédération nationale des associations familiales catholiques n°180803) vient d’annuler l’obligation pour les collèges d’inscrire deux heures d’enseignement obligatoires d’éducation à la sexualité et à la prévention du sida.
Act Up-Paris avait réussi à arracher cette décision (circulaire n°96-100 du 15 avril 1996) au ministre de l’époque, François Bayrou. Quelle sera la réaction de Ségolène Royal, ministre des Enseignements Scolaires ? Envisage-t-elle de mettre au point un nouveau texte ou décidera-t-elle de céder au lobby catholique ?
Cette dernière hypothèse est malheureusement la plus prévisible : Ségolène Royal s’est déjà illustrée par l’interdiction de diffuser une brochure de prévention du sida rédigée par les services de l’Education Nationale et de la Santé et tirée à des milliers d’exemplaires. Ce refus frileux et puritain d’envisager que l’école soit un des lieux privilégiés de la prévention montre une fois de plus que ce sont des considérations morales qui dictent les politiques de santé publique.
L’alternance politique, à ce titre, n’a rien changé : Matignon a récemment censuré un encart de prévention ciblée en direction des gays et des lesbiennes, sans soulever la moindre protestation de la part de Bernard Kouchner ; quant à l’affichage d’été (kamasutra et bites d’éléphant, vous vous souvenez ?), il reste fidèle à la tradition désormais bien ancrée de la grivoiserie hétérocentrique.
Dix sept ans après le début de l’épidémie, les pouvoirs publics n’ont rien appris. Alors que toutes les études montrent un relâchement des comportements individuels de prévention et que 6 000 contaminations sont encore constatées en France chaque année, le gouvernement de Lionel Jospin, semble au contraire considérer que l’épidémie tourne désormais à un régime satisfaisant. S’il parlait encore, Jean-Pierre Chevènement dirait : » il devra en répondre le jour du jugement dernier « .