Le lourd silence qui pèse sur les questions liées au VIH/sida depuis quelques années cherche à faire oublier à quel point les questions posées par la maladie continuent d’accuser l’incurie des politiques menées en France. Ces longues années d’épidémie nous ont pourtant montré combien les mesures qu’exige la lutte contre le sida réclament une évolution profonde et une réaction rapide de notre société tant sur le front du droit des minorités, que sur le traitement réservé aux étrangerEs, les politiques internationales ou le mode d’élaboration des politiques publiques.
À ce jour, aucun des trois candidatEs majeurEs à l’élection présidentielle n’a encore rencontré les associations de lutte contre le sida. Après un mois de négociation, Act Up-Paris vient enfin d’obtenir de Ségolène Royal un rendez-vous de travail avec les associations. La manière dont cette rencontre a été préparée nous laisse peu d’espoir quant à son intérêt. Même si nous n’avions aucune illusion à son sujet, Nicolas Sarkozy s’y était lui aussi engagé. Depuis, c’est silence radio. Du côté du staff de campagne de François Bayrou, on nous répond qu’il est trop occupé pour rencontrer les malades du sida. C’est à l’image de l’urgence qu’accordent les candidatEs à une épidémie qui concerne 42 millions de séropositifVEs dans le monde. Ce numéro d’Action présente donc notre plaidoyer sur les politiques qui doivent être menées pour faire face efficacement à l’épidémie. Nous avons choisi de les présenter du point de vue des personnes concernées, convaincuEs que les politiques qui ignorent la réalité de nos vies sont des politiques injustes et illégitimes. Il ne s’agit pas ici de faire le constat des absences ou de la présence d’engagements dans les programmes et les déclarations des candidatEs à l’élection présidentielle car nous ne savons que trop bien que c’est dans les actes que l’on mesure la vraie détermination à lutter contre l’épidémie. A la seule lecture des programmes de l’élection présidentielle, l’absence des enjeux de santé publique et de solidarité internationale dans la campagne électorale est inquiétante. Elle masque mal un désengagement des politiques sur ces questions qui pour un peu nous ferait regretter les effets de manches et les promesses non tenues de Jacques Chirac. Sur cela tout comme sur les questions d’égalité des droits ou de droits sociaux qui y sont directement liées, le résultat de ces élections a de quoi faire peur. Nos revendications sont claires. Nous les ferons entendre au cours de cette campagne pour infléchir les positions des candidatEs à l’élection présidentielle.