Améliorer la prise en charge des plus malades
Chaque année, le nombre de nouvelles contaminations augmente. Il n’y a jamais eu autant de séropositifVEs vivant en France. Aucune mesure n’a été prise pour faire face à l’augmentation des files actives dans les hôpitaux. Les malades sont actuellement confrontéEs à un grave problème de démographie médicale, lié au départ à la retraite de nombreuSESx spécialistes ou aux sous-effectifs chroniques des services de maladie infectieuse. Aujourd’hui, c’est la prise en charge des malades même qui se dégrade. La durée des consultations est de plus en plus courte, les malades ont de moins en moins le temps d’aborder avec leur médecin les effets secondaires de leur traitement, leur situation affective et psychologique ou les questions de prévention. De plus en plus de malades sont renvoyéEs vers des structures de soins privées pour leurs bilans.
– Mesure à prendre : former des médecins pour cette prise en charge spécifique pluridisciplinaire. Il conviendrait d’en faire une spécialité, d’autant plus qu’une crise démogra-phique est à craindre : la relève des clinicienNEs infectiologues VIH ne se fait que très difficilement.
Être malade c’est du temps complet
La réforme de la Sécurité sociale, contre laquelle nous nous sommes tant battuEs en 2004 et 2005 est désormais entrée en vigueur. Son application n’a évidemment fait que confirmer tous les travers que nous dénoncions alors : instauration d’une « taxe sur la maladie » avec le forfait de 1 e par consultation, impossibilité de trouver unE médecin traitant capable de prendre en charge les pathologies liées au VIH, parcours de soins en forme de dédale, protocoles Affection longue durée (ALD) incompréhensibles, etc. Le coût de ces mesures pour les malades du sida (contraintEs de multiplier visites, examens et consultations spécialisées) n’est pas seulement financier. Il faut aussi parler de l’épuisement et du temps passé à courir les administrations, les médecins et les services hospitaliers pour tenter désespérément de se mettre en conformité avec ce cadre totalement inadapté à la réalité de notre maladie et de notre prise en charge médicale.
– Mesure à prendre : permettre aux personnes en ALD de bénéficier d’une réelle prise en charge à 100 % en les exonérant du paiement du forfait de 1 E et en ne les pénalisant pas dans leur parcours de soins. Les séropositifVEs ont le plus souvent besoin d’une prise en charge pluridisciplinaire, qui justifie d’avoir recours à plusieurs spécialistes.
En outre, depuis 2001, les étrangerEs ont été l’objet d’atteintes répétées mettant directement en cause leur accès aux soins et au dispositif d’Aide médicale d’Etat. Un décret, parut l’année dernière, en plein mois d’août, a introduit des conditions particulièrement restrictives, excluant du système de soins les personnes malades qui ne peuvent prouver leur résidence en France depuis plus de trois mois. Parmi elles, figurent des malades du sida gravement atteintEs, qui vivent parfois en France depuis de nombreuses années mais qui ne sont pas en capacité de le démontrer.
– Mesure à prendre : faciliter l’accès aux soins des populations exclues ou défavorisées, ce qui nécessite des acteurs et actrices spécialiséEs dans l’éducation thérapeutique dans tous les services VIH et l’ouverture de la CMU aux sans-papierEs.
Les candidatEs à l’élection présidentielle doivent se positionner sur la révision de la loi de Sécurité sociale et s’engager sur la suppression du « 1 E » en ce qui concerne les soins relatifs à une Affection de longue durée prise en charge à 100 % et exonérée du ticket modérateur. Par ailleurs le périmètre des soins remboursés à 100 % pour les pathologies lourdes doit être garanti.
Il est inacceptable que pour un effet de seuil de 10 e, les malades et les personnes handicapées ne puissent bénéficier de la Couverture maladie universelle complémentaire. Cet effet de seuil doit être corrigé.