Aujourd’hui, 26 janvier, les militantEs de la lutte contre le sida du monde entier organisent une journée internationale de protestation contre le laboratoire Abbott et sa scandaleuse politique de chantage aux médicaments en Thaïlande. Cette journée d’action, initiée par les activistes thaïlandaiSEs coïncide avec la tenue, à Chicago, de
l’Assemblée Générale annuelle des actionnaires d’Abbott.
En France, Act Up-Paris organise :
– un netstrike contre le site web d’Abbott
– une campagne de protestation par e-mail auprès des actionnaires du groupe
En janvier dernier, le gouvernement thaïlandais décidait, conformément aux accords internationaux sur la propriété intellectuelle, de baisser drastiquement les prix de deux médicaments sida, l’efavirenz et le lopinavir. Le lopinavir est couvert par un brevet, détenu par Abbott. Grâce à ce brevet et au monopole qu’il produit, Abbott avait pu imposer en Thaïlande un prix quatre fois supérieur au prix en Afrique (2200 dollars par an au lieu de 500 dollars). La Thaïlande se trouvant dans l’incapacité de soigner ses malades à ce prix, le gouvernement thaïlandais a décidé de lever le brevet d’Abbott et d’autoriser l’importation de versions génériques du lopinavir. Cela a abouti à une baisse du prix de 55% en seulement trois mois.
En réponse à cette perte de monopole, Abbott a annoncé qu’il allait priver la Thaïlande de tous les nouveaux médicaments qu’il s’apprête à commercialiser, y compris son médicament anti-VIH star, le lopinavir thermo-résistant (particulièrement utile pour les malades des pays pauvres et chauds comme la Thaïlande). Sans considération pour le sort des malades, de manière unilatérale et particulièrement écoeurante, Abbott prend ainsi sciemment les malades thaïlandaisES en otages dans le seul but de faire pression sur leur gouvernement.
La décision de la Thaïlande de lever le brevet du lopinavir, en soumettant ce brevet à la procédure dite de la « licence obligatoire », est parfaitement légale : l’article 5(b) de la Déclaration de l’OMC sur la Propriété Intellectuelle et la Santé Publique, signée à Doha en novembre 2001, stipule que « chaque état membre de l’OMC a le droit d’accorder des licences obligatoires, et la liberté de déterminer les motifs pour lesquels de telles licences sont accordées ». Particulièrement en cas « d’urgence sanitaire », un pays est ainsi en droit de lever un brevet pour importer ou de fabriquer les génériques nécessaires à sa population. En plus des nombreuses pressions que font porter les Etats-Unis et l’Europe sur les pays pauvres pour qu’ils ne touchent pas aux monopoles des multinationales du médicament, c’est maintenant un laboratoire pharmaceutique qui met gravement en danger la vie de malades du sida. C’est inacceptable pour la Thaïlande, et cela crée un précédent qu’Act Up-Paris refuse.
Dès l’annonce de la décision d’Abbott, les réactions se sont multipliées pour dénoncer la mise en danger de milliers – voire de dizaine de milliers si le cas Abbott devait faire école – de malades du sida. La journée internationale de protestation qui a lieu aujourd’hui est l’aboutissement de ces réactions d’indignation.
Par ses méthodes de chantage odieux sur des populations fragilisées comme par les conséquences meurtrières de ses actes, Abbott n’est pour Act Up-Paris rien d’autre qu’une entreprise terroriste.