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La théorie de la relativité nous rappelle que rien ne dure, tout est relatif. Une bonne prise en charge, un traitement efficace, une guérison, toutes ces notions évoluent dans le temps. Une chose ne change pas, c’est la fragilité des malades et le sens du mot « guérison », ainsi que le respect et l’humilité qu’y accorde certains médecins.

Un traitement efficace utilisé pour une pathologie pourra être écarté un jour grâce aux progrès de la recherche et l’arrivée d’une molécule plus efficace. Grâce à la meilleure compréhension des mécanismes biologiques, cette même molécule pourra revenir au-devant de la scène comme nouveau traitement d’une autre maladie. C’est le cas pour la zidovudine (AZT) inventé contre le cancer, puis utilisé contre le VIH, ou encore la ribavirine, ancien antigrippal utilisé à ce jour contre l’hépatite C. Le dicton qui dit : Rien ne se crée, tout se transforme a bel et bien sa place en médecine. Serait-il déplacé de considérer les professeurs de médecine comme des artisans ? Pour bon nombre de malades, la maîtrise des technologies de pointe ne peut se passer d’une approche digne de l’artisanat et d’un savoir faire alliant les derniers cris de la science à une grande connaissance des relations humaines. C’est quand la recherche n’arrive pas à produire de nouveautés, que le savoir et le génie de certains médecins, allié à une écoute et un partage des décisions avec leurs patients, peut permettre d’augmenter l’efficacité des traitements disponibles en améliorant la prise en charge. Il faut déterminer l’histoire naturelle des effets secondaires et leurs signes précurseurs pour les minimiser, voire les éviter. Améliorer l’efficacité des traitements chroniques passe par une formation précoce sur les enjeux des effets secondaires sur l’observance et la compliance, responsables de nombreux arrêts précipités. Un accompagnement des patients en tant qu’acteurs de leur propre santé, permet de planifier et d’organiser ces changements plus souplement. Les malades atteints de plusieurs pathologies chroniques, comme les co-infectés VIH-hépatites sont d’autant plus révélateurs de ces enjeux, la prise en charge étant souvent plus complexe. Arriver à tenir plusieurs traitements implique des contradictions : améliorer une maladie mais avec le risque d’en aggraver une autre. C’est ce que les infectiologues ont dû assumer en sauvant de nombreux co-infectés grâce aux trithérapies VIH. Même s’ils doivent s’impliquer aujourd’hui dans la prise en charge des cirrhoses, accrues par ces traitements trop lourdement prescrits à l’époque. Aujourd’hui on peut contrôler efficacement le virus de l’hépatite C. Dans 40 % des cas, chez les co-infectés VIH, on peut guérir l’hépatite chronique grâce aux progrès de la prise en charge et du suivi de la bitherapie PEG-interféron et ribavirine. Mais les derniers essais montrent qu’en cas de cirrhose, un succès de traitement et une « guérison » n’écarte pas hélas la progression d’autres complications, comme un cancer du foie. Même si le mot : « guérison » reste un fantasme pour nous touTEs, il est capital de rappeler aux soignantEs l’importance de ne pas jouer avec ce terme. Après l’annonce de la « guérison » d’une cirrhose, comment pendre le fait que finalement l’évolution aboutit à un cancer du foie ? Le mot guérison est un terme qui ne supporte pas de “ mais ”, sauf en preuve d’immaturité. Surtout si nos cirrhoses ont été provoquées par un traitement qui nous a sauvé. Les mots ont un sens et une pertinence, les malades ont une fragilité qu’en langage scientifique ne respecte pas toujours. Médecins, faîtes attention.

 

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