Après s’être attaqué aux malades du sida en Thaïlande et avoir traîné en justice Act Up-Paris, Abbott est contesté de toutes parts. Le laboratoire pharmaceutique américain a annulé deux de ses colloques consacrés au VIH. En France comme à l’étranger, laboratoires, associations de malades, médecins, scientifiques et pouvoirs publics fustigent unanimement sa politique.
Le 20 juin, Abbott a annulé à la dernière minute son colloque « Actualités VIH et lipodystrophies », d’un coût estimé à 10 000 euros (lié au service 4 étoiles de l’hôtel Aubusson). Le 15 juin, Abbott avait déjà annulé le colloque sur ses produits VIH prévu le 23 juin à Munich. A chaque fois, les participantEs pressentiEs ont fait connaître leur vive réprobation des décisions du laboratoire. Selon Abbott, les produits VIH représentent pourtant plus de 1,2 milliards de dollars de son chiffre d’affaires. En annulant ces réunions, le laboratoire montre son incapacité à assumer l’opprobre unanime que lui valent ses comportements agressifs à l’encontre des malades thaïlandais et français.
En effet, les prises de positions de soutien à la Thaïlande ou à Act Up-Paris contre Abbott se multiplient dans le monde associatif (Aides, EATG, [Sidaction->http://www.sidaction.org/presse/presse/cp-sidaction-soutient-act-up-contre-abbott
], Sol En Si, TNP+, TRT-5, Solidarité Sida, Prachathaï ainsi que de nombreuses associations au Brésil, au Costa Rica, au Congo, en Inde, en Russie, etc.), médical (SMG, de nombreux médecins de service VIH de Paris, Mulhouse, Nice, etc.) et institutionnel (ANRS, [CNS->http://www.cns.sante.fr/htm/avis/discrimination/27_06_07/fr_1_b.htm
]). Les ONG Lila en Italie et gTt en Espagne, quant à elles, ont rompu tout contact avec le laboratoire – notamment dans le cadre de la préparation de la conférence de l’IAS à Sydney – tant que celui-ci ne retirera pas sa plainte contre Act Up-Paris. A l’ouverture de la conférence Aids Impact, dimanche 1er juillet, le directeur de Aides a appelé au boycott des produits d’Abbott.
Lors d’un colloque à Sciences Po, le 6 juin dernier, Bernard Kouchner a affirmé qu’il était d’accord avec les critiques portées contre la politique d’Abbott. Il juge les actes de la firme contraire à l’éthique, tant sur son comportement en Thaïlande que sur sa plainte contre Act Up-Paris : « je ne trouve pas normal qu’un laboratoire attaque une association de malades ».
Aux Etats-Unis, le laboratoire GlaxoSmithKline a même accusé Abbott de nuire à l’image de l’industrie pharmaceutique. D’autres laboratoires s’inquiètent des répercussions de cette affaire sur leur image.
Face à la colère que déchaîne sa politique, le laboratoire de Chicago sait maintenant que le procès au pénal qu’il intente à Act Up-Paris, dont l’audience est fixée au 26 octobre 2007, sera avant tout le procès d’Abbott.
D’ailleurs, Act Up-Paris citera comme témoin pour sa défense unE militantE de Thaïlande qui exposera les conséquences que la décision d’Abbott de les priver de son nouveau médicament anti-sida fait subir aux malades dans ce pays.
Act Up-Paris exige des dirigeants d’Abbott :
– Qu’ils cessent de menacer les pays qui, conformément aux règles de l’OMC, utilisent leur droit à produire ou importer des génériques pour soigner beaucoup plus de malades ;
– Qu’ils reviennent sur leur décision de ne plus enregistrer leurs nouveautés thérapeutiques en Thaïlande, mesure qui condamne à mort des milliers de malades ;
– Qu’ils retirent leur plainte contre Act Up-Paris.