Les femmes sont aussi nombreuses que les hommes à être touchées par le sida. C’est une forme de parité que personne n’a souhaitée. Mais quand les femmes seront-elles traitées à égalité dans les campagnes de prévention et dans la recherche ? Leur invisibilisation face au sida et, de façon générale, le sexisme, nourrissent la stigmatisation, sapent la prévention et freinent l’accès aux soins. Pour que les femmes ne soient plus les oubliées de l’épidémie, nous manifesterons le 30 novembre, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida.
En France, les femmes représentent 42 % des nouvelles contaminations. Les rapports hétérosexuels sont devenus le premier mode de contamination. Et pourtant on continue d’assimiler le sida aux « autres » : homosexuels, toxicomanes, étrangerEs, prostituéEs, transfuséEs, minorités et autres catégories dites « à risque ». Act Up-Paris connaît bien la question des minorités. Si des femmes séropositives et hétérosexuelles se battent aux côtés des gays, des trans, des lesbiennes, c’est parce qu’elles éprouvent aussi face à un médecin ou à un laboratoire cette « minorisation ». Oubliées de la prévention, abandonnées au silence des préjugés, négligées par les campagnes de dépistage, absentes de la recherche médicale, nous voulons d’abord changer le regard que portent les « autres » sur nous, femmes séropositives. Parce que des vies, nos vies en dépendent.
Dans le monde, 48 % des séropositifs sont des séropositives. Il est temps que les campagnes de prévention s’adressent aux femmes. Combien savent que les risques de transmission par voie sexuelle de l’homme à la femme sont plus importants que de la femme vers l’homme ? Combien de femmes séropositives sont en danger car les risques d’affections gynécologiques sont mal surveillés ? Nous nous battons pour une vraie politique de prévention massive, grand public et réellement accessible, à destination des femmes, que l’on parle de prix ou de choix des outils de protection. La recherche doit s’occuper des conséquences du virus et des traitements sur nos corps. Ignorées par la recherche médicale, réduites longtemps au statut de mère, nous voulons enfin avoir une vraie place dans la recherche comme dans les essais thérapeutiques.
Les inégalités économiques entre hommes et femmes exposent davantage les femmes à des situations de précarité, et donc de dépendance et de prises de risques. Comment faire de sa santé une priorité quand se nourrir, se loger sont des soucis quotidiens ? Au lieu de lutter contre les inégalités hommes / femmes, le gouvernement les renforce : les femmes séropositives sont les premières à souffrir des franchises médicales ou des restrictions apportées au regroupement familial. Les inégalités et les discriminations font le jeu du sida.