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Le lien entre précarité et sida est double. D’une part, la précarité fait le lit de l’épidémie en rendant les personnes plus vulnérables à une infection ou à une aggravation de leur état de santé : d’autre part, le sida rend plus précaire.

Ce phénomène est particulièrement frappant si on regarde la situation des femmes séropositives, qui connaissent souvent des conditions de vie précaires. La lecture des résultats de l’enquête Vespa menée par l’ANRS «sida et pauvreté, contribution de la France à la commission et du développement de l’ONU, est particulièrement éclairante :
– 77,8 % des femmes diagnostiquée séropositives entre janvier 2003 et mars 2004 n’exerçaient pas d’activité professionnelle au moment du dépistage, proportion de 43,6% chez les hommes.
– Quand elles exerçaient une activité professionnelle, 2 femmes sur 3 dépistées à cette même période étaient employées ou ouvrières ; cette proportion est de 1 sur 2 chez les hommes.
– Le taux d’activité des femmes vivant avec le VIH est inférieur de 25 % à celui des hommes séropositifs. La proportion d’allocataires du RMI est plus élevée chez les femmes séropositives (30 %) que chez les hommes (21 %).
– 22 % des femmes séropositives élèvent seules un ou plusieurs enfants, ce qui alourdit leurs charges. Seules, les femmes seules élevant leurs enfants sont un des groupes les plus précaires au sein du groupe, déjà précaire, des personnes vivant avec le VIH.

On imagine aisément les conséquences de cette précarité pour se loger, se nourrir, se soigner, vivre.

Une femme séropositive gagne en moyenne 1 361 € quand elle exerce une activité professionnelle (contre 2 127 € en moyenne pour un homme séropositif) ; 761 € quand elle est au chômage (contre 1 073 € pour un homme) ; et 883 € dans les autres cas (contre 1 176 € pour un homme). Les femmes séropositives sont 25 % moins nombreuses que les hommes à exercer une activité professionnelle, le refus d’augmenter les minima sociaux, à commencer par l’AAH, les contraint à la précarité. En France, le revenu salarial d’une femme est de 37 % inférieur à celui d’un homme. Ces données moyennes témoignent d’un écart important, il n’est donc pas étonnant de constater le cumul de cette inégalité avec l’impact du sida sur la vie d’une femme. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics : d’augmenter de façon conséquente les montants des minima sociaux, notamment l’AAH et de mener une réelle politique de lutte contre les inégalités de revenus entre les hommes et les femmes.

Une couverture maladie incomplète. Les femmes séropositives doivent en général payer plus pour leurs soins, notamment parce que le suivi gynécologique rentre rarement dans le remboursement à 100 % pourtant prévu par le statut des Affections longues durées (ALD). Cette situation a été aggravée, depuis 5 ans, par l’instauration de nouveaux impôts sur la maladie : le forfait de 1 e, mis en place en 2004, et les franchises médicales récemment votées par le Sénat, et promue par Nicolas Sarkozy et par Roselyne Bachelot-Narquin. En pénalisant les malades dans le cadre de leur accès aux soins, on pénalise encore les femmes qui doivent s’acquitter de frais supplémentaires pour leur suivi gynécologique. Cette situation n’est pas une fatalité, elle est avant tout due à des politiques qui pénalisent les malades, à commencer par les femmes.

Nous exigeons :
– la prise en charge à 100 % systématique des examens gynécologiques ;
– l’abrogation du forfait à 1 € et des franchises de 50 centimes.