« Ne vous inquiétez pas, ils ne sont que deux. Cela fait des années qu’ils protestent, cela ne sert à rien ». C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a réagi alors qu’il était interpellé par plusieurs militants d’Act Up-Paris protestant contre l’investiture de Christian Vanneste->mot1392] par l’UMP pour les municipales. Le Président de la République — alors simple président de l’UMP — s’était pourtant publiquement engagé à exclure Christian Vanneste, après que celui-ci a été condamné pour insulte homophobe suite à la plainte d’Act Up-Paris, de SOS Homophobie et du SNEG. En lui accordant « son soutien plein et entier » pour les élections municipales, l’UMP rend l’homophobie éligible, avec le soutien de Nicolas Sarkozy.
Placés en garde à vue, suite à [cette interpellation, trois militants d’Act Up-Paris se trouvent à nouveau aujourd’hui menacés de poursuites judiciaires. Non content de saturer l’espace médiatique en multipliant les annonces, il semble que c’est ainsi que le pouvoir en place souhaite faire taire toute contestation dès lors qu’elle dévoile l’hypocrisie de sa politique. Tandis que les sondages font état d’une insatisfaction croissante vis-à-vis de la politique menée par Nicolas Sarkozy, la garde rapprochée du Président de la République cherche par tous les moyens à le faire passer pour un mal-aimé. Pourtant, aujourd’hui, ce sont bien les mensonges et le mépris de sa politique qui apparaissent au grand jour. Du point de vue de la lutte contre le sida, ces neufs premiers mois de gouvernement sont déjà catastrophiques : remise en cause des politiques de réduction des risques liés aux drogues, atteintes au secret médical pour les prisonnierEs, recul de la participation financière de la France au financement mondial de la lutte contre le sida, nouvelles attaques contre les dispositifs d’accès aux soins pour les étrangerEs, instauration des franchises médicales. Alors que les associations proposent des évolutions majeures dans la politique de dépistage, le ministère de la santé – sans doute soumis à la pression des médecins et des laboratoires d’analyses médicales – entrave la mise en place de projets pilotes employant les tests rapides. A l’approche du 1er décembre, c’était la première enquête de prévalence par méthode directe en milieu gay qui était abandonnée par l’InVS au profit d’autres orientations politiques privilégiées par le gouvernement sur le cancer et la maladie d’Alzheimer. Suite aux protestations d’Act Up-Paris, la ministre de la Santé s’est finalement engagée à ce que cette étude soit réalisée mais celle-ci aura pris plusieurs mois de retard. Pour d’obscures raisons administrat-ives, pour la première fois depuis des années, l’INPES ne sera pas en mesure de produire de nouvelles campagnes de prévention en direction des gays alors même que l’urgence de l’épidémie réclame plus de moyens. Pendant des mois, les associations de malades se sont évertuées à faire comprendre l’injustice des franchises médicales. Il aura fallu qu’un malade mette sa santé en danger pour que l’absurdité de ces franchises sur les soins transparaisse enfin dans les médias et que Nicolas Sarkozy s’en justifie maladroitement en faisant croire – à tort – qu’elles seront remboursées par les mutuelles. Mais le pire reste à venir. Conformément à son programme, le Président de la République déclarait il y a quelques jours à la Confédération des Syndicats Médicaux et à la Mutualité Française sa volonté de remettre en cause la prise en charge à 100 % des personnes en Affection de Longue Durée (ALD), en distinguant ce qui « relève de la solidarité et ce qui relève de l’assurance ». Le rapport publié sur le bouclier sanitaire proposé par Martin Hirsch laisse déjà entrevoir que si ce dispositif pourrait permettre aux malades les plus précaires de bénéficier d’une diminution d’une cinquantaine d’euros sur les dépenses qu’ils consacrent annuellement à leur santé (le montant même du plafond des franchises dont on vient de les taxer), la plupart des malades en ALD seront largement perdantEs. Jusqu’à présent l’Élysée n’a toujours pas reçu les associations de malades dans le cadre des consultations sur la réforme qu’il envisage pour le système de santé. Depuis près de vingt ans, nous nous battons pour imposer le point de vue des malades et des minorités dans les politiques de lutte contre le sida. C’est en protestant que nous avons réussi à faire évoluer, en dépit des gouvernements, les politiques de santé en France et à l’international. Quoiqu’en pense Nicolas Sarkozy, ce n’est pas aujourd’hui que nous cesserons d’accuser l’incapacité de ce gouvernement à mettre en œuvre une véritable politique de lutte contre le sida.