À la veille de l’ouverture de la conférence de Bernard Kouchner sur la couverture maladie dans les pays pauvres, Act Up-Paris dénonce l’absurdité de ce projet gouvernemental, et la rupture par le gouvernement de ses promesses d’aide aux pays pauvres en matière de santé et de lutte contre le sida.
Un projet absurde
Bernard Kouchner propose avec cette conférence que le financement de la santé des pays pauvres repose désormais moins sur la contribution des pays riches, et davantage sur la contribution des pauvres eux-mêmes, grâce à la mise en place de micro-mutuelles volontaires dans les villages.
Or, l’étude Health Insurance in Low-Income Countries[[Health Insurance in Low-Income Countries, May 7 2008, www.oxfam.org.]], publiée demain 7 mai par Oxfam et une coalition d’ONG, montre clairement que, dans les pays pauvres, les sommes versées par ceux et celles qui sont en mesure de contribuer restent si faibles qu’elles ne permettent pas d’améliorer sensiblement leur santé, et que ceux et celles qui sont trop pauvres pour payer même ces faibles sommes se retrouvent davantage encore excluEs du système public de santé.
Comme le montre ce rapport, l’auto-suffisance sanitaire des pays pauvres restera impossible tant qu’ils seront pauvres, et imaginer que les pauvres n’auraient qu’à cotiser à des micro-mutuelles pour se payer leur santé est économiquement absurde.
Une diversion meurtière
Si Bernard Kouchner en doutait encore, le rapport du 7 mai 2008 montre que les pauvres de la planète restent trop pauvres pour être en mesure de payer leur santé eux-mêmes, et que l’unique voie pour stopper la crise sanitaire mondiale est que les plus riches payent pour la santé des plus pauvres. Il est bien moins réaliste d’imaginer que les pauvres puissent cotiser des sommes qu’ils et elles ne possèdent tout simplement pas, que d’imaginer que les pays riches vont enfin tenir leurs promesses financières envers les pays en développement[[Le 8 juin 2007 les dirigeants des 8 pays les plus riches se sont engagés à mobiliser 60 milliards de dollars pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et le renforcement des systèmes de santé.]].
Or, la France est loin de tenir ses propres promesses en matière. Le 8 juin 2007 au sommet du G8, Nicolas Sarkozy avait promis une contribution française à la santé en Afrique de 1 milliard de dollars par an[[Voir le discours du président du 8 juin 2007.]]. La réalité est que la France contribue à hauteur de moins de 300 millions de dollars[[Contribution française à la santé au Sud = 50 millions d’euros en bilatéral à travers l’AFD + 300 millions d’euros en multilatéral à travers le Fonds mondial, soit 350 milions d’euros ou 525 millions de dollars. Le Ministère des Affaires étrangères estime que 50% de son aide santé va à l’Afrique, soit 260 millions de dollars.]]. L’OCDE, dans son rapport du 4 avril dernier, a d’ailleurs épinglé cette baisse de l’aide française.
Act Up-Paris exige que Bernard Kouchner cesse de faire diversion avec son projet absurde de micro-mutuelles au Sud, et annonce plutôt le calendrier de versement de l’aide santé promise aux pays pauvres, il y a moins d’un an, par le Président de la République.