L’actualité mondiale est toujours marquée par de nombreuses atteintes aux droits des lesbiennes, gais, bi et trans : dénonciations, répressions policières, procès pour présomption d’homosexualité, etc. Aujourd’hui, près de 80 pays pénalisent encore l’homosexualité et elle reste passible de la peine de mort dans dix d’entre eux.
En Turquie le 29 mai dernier, c’est l’association LGBT Lambaistanbul qui est menacée de dissolution par le gouvernement turc. Le tribunal de première instance de Beyoglu l’a condamnée à la fermeture. Son avenir dépend désormais de la décision de la Cour d’Appel. A Kampala, le 7 juin, ce sont des activistes LGBT qui sont arrêtéEs par les autorités ougandaises : lors d’une conférence sur le sida, ils/elles dénonçaient l’absence de prise en compte des LGBT dans le cadre des campagnes de lutte contre le sida du pays. Et en France, le gouvernement préfère jouer la carte du silence. Ce sont donc les associations qui se mobilisent. Dans des communiqués de presse et des rassemblements, des associations LGBT et Act Up dénoncent ces situations.
Le 16 mai, les militantEs d’Act Up et du comité IDAHO manifestent devant le Palais de l’Elysée. Ils sont arrêtéEs, puis relâchéEs après avoir passéEs quelques heures au poste de police. Par cette action, ils dénoncent l’attitude du gouvernement français qui ne reconnaît pas la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et sa passivité face aux cas d’homophobie au niveau international.
Le 17 mai, les militantEs sont reçuEs par Rama Yade secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, et obtiennent que la France reconnaisse cette date comme la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie, ainsi qu’un certain nombre d’engagements en matière de lutte contre l’homophobie internationale.
Des engagements sans lendemain ?
Rama Yade, au nom de la France s’engage à travailler à la rédaction d’une déclaration pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité. Elle la proposera aux Etats membres de l’Union européenne lors de la présidence de la France. Cette déclaration sera ensuite présentée à l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Rama Yade s’engage également à ce que le président, Nicolas Sarkozy, condamne systématiquement les pratiques homophobes et toutes les atteintes aux droits des LGBT dans le cadre de ses déplacements officiels dans les pays concernés.
Pourtant, le 12 juin dernier, Nicolas Sarkozy reçoit un chef d’Etat homophobe, Umar Musa Yar’Adua. Ignorant ses engagements, l’Elysée ne condamnera pas les discriminations et les persécutions faites aux lesbiennes, gais, bis et trans au Nigéria[[Dans les États musulmans du Nord du Nigeria, appliquant la charia, la loi islamique, l’homosexualité est passible de la lapidation à mort. En août 2007, 18 hommes sont arrêtés dans l’État de Bauchi et poursuivis pour sodomie.]]. De même, Rama Yade se montrera incapable de se prononcer au nom du gouvernement sur le droit d’asile des lesbiennes, des gais, des bi et des trans. Elle ne remettra pas non plus en cause la liste des pays sûrs rédigée par l’OFPRA.
Pour Rama Yade, la lutte contre l’homophobie s’arrête là où commence le droit d’asile des LGBT. La liste des pays sûrs élaborée par l’OFPRA rassemble, selon l’institution, les pays qui veillent au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Les demandeurSEs LGBT ressortissantEs de ces pays ne peuvent alors bénéficier du droit d’asile. Or, sur cette liste, figurent des pays qui cautionnent des pratiques homophobes comme le Sénégal ; qui légalisent la discrimination liée à l’orientation sexuelle ou dans lesquels l’homosexualité n’est pas reconnue (l’Ukraine).
Au regard de la convention de Genève, du 28 juillet 1951, qui garantit le droit aux réfugiéEs, les LGBT fuyant leur pays en raison d’exactions et de persécutions à leur égard, doivent être reconnus par le gouvernement français comme réfugiéEs et obtenir le droit d’asile. Là encore, Rama Yade est incapable de tenir une position sur ce sujet, et préfère renvoyer les associations LGBT vers les Ministères des Affaires Étrangères et de l’Immigration, dont elle est pourtant secrétaire d’État.
Act Up Paris exige la concrétisation rapide des engagements pris par Rama Yade au vu des conséquences de l’homophobie sur les droits humains et sur la prévention du VIH ; ainsi que l’ouverture du droit d’asile aux lesbiennes, gais, bi et trans ressortissantEs de pays à pratiques homophobes, dont l’OFPRA choisit d’ignorer la liste produite par les associations.