La force de notre combat contre la pénalisation tient sans doute à notre intransigeance à l’égard du sexe à risque. Le bareback donne des arguments aux tenants de la pénalisation. Celle-ci n’est pas pour autant une solution aux prises de risque sexuelles.
Après le zap d’une soirée bareback au Banque Club le 4 octobre, on pouvait lire dans le Parisien, à côté de l’article relatant cette action, un encadré sur la pénalisation. Ayant d’abord interrogé la brigade de répression du proxénétisme (sic), la journaliste concluait que « du point de vue de la loi, rien n’interdit les soirées «bareback» ». Manifestement déçue, elle se tournait alors vers les associations pour savoir s’il ne faudrait pas pénaliser la transmission du virus du sida. Sans plus de succès : « les associations gays et le Conseil national du sida sont opposés à la pénalisation ».
Cette démarche n’est pas anodine et soulève un certain nombre de questions : Quel est le rôle du bareback dans l’engouement croissant pour la pénalisation ? Comment s’opposer à la pénalisation de la transmission du VIH si l’on est complaisant à l’égard du sexe à risques ? Inversement, la pénalisation serait-elle une réponse efficace aux comportements bareback, et, plus généralement, aux relâchements des pratiques de prévention ?
Le bareback – en tant qu’idéologie de la prise de risque – et son exposition médiatique à la fin des années 90 a certainement contribué à alimenter le fantasme du séropositif contaminateur, que l’on trouve souvent en filigrane chez les tenants de la pénalisation. C’est une des raisons pour lesquelles Act Up-Paris se bat contre la promotion (et la banalisation) des pratiques à risque et en appelle à la responsabilité individuelle de touTEs en matière de prévention. Ce que beaucoup – au premier rang desquels les barebackers – pointent du doigt comme une position morale et répressive… Il serait tentant de leur dire d’aller se débrouiller avec la justice et d’expliquer alors en quoi leur soi-disant liberté – y compris de contaminer – ne relèverait pas d’une responsabilité pénale… Nous nous y refusons parce que nous savons qu’à ce petit jeu, tout le monde est perdant : les séropositifVEs qui n’en seront que davantage stigmatiséEs mais aussi la prévention et la santé publique qui en pâtiront.
Pénaliser la transmission du VIH par voie sexuelle et a fortiori criminaliser les séropos, c’est remettre en cause le principe de la responsabilité partagée, la responsabilité de la contamination incombant alors au seul présumé « porteur du virus ». C’est dire que lors d’une relation sexuelle une personne se sachant séropositive devrait davantage voire exclusivement se préoccuper de prévention qu’une autre. C’est un grave retour en arrière.
C’est pourquoi Act Up-Paris se bat de front contre la banalisation du sexe à risque et contre la pénalisation. Pour être collectivement inattaquables, soyons individuellement responsables : protégeons-nous, protégeons nos partenaires.