A peine six mois après sa création Act Up manifestait déjà sur la question des femmes devant le Congrès «Femme et Enfant face au sida », sous la banderole : Agir pour ne pas mourir. Act Up connaît bien la question des minorités, des homosexuelLEs, des femmes, des usagerEs de drogues, des étrangerEs, des prostituéEs.
Vivantes et belles
Si des femmes séropositives et hétérosexuelles sont aujourd’hui à Act Up pour se battre aux côtés des gays et de lesbiennes, c’est parce qu’elles éprouvent aussi face à unE médecin ou à un laboratoire cette «minorisation». Oubliées de la prévention, négligées par les campagnes de dépistage, absentes de la recherche médicale pendant plus de vingt ans d’épidémie, nous voulons d’abord changer le regard que portent les «autres» sur nous, femmes séropositives. Lorsqu’une femme séropositive arrive à Act Up, c’est aussi souvent après être restée longtemps cachée sans oser parler de la maladie. La commission Femmes d’Act Up-Paris est un lieu pour parler et se battre.
Silence = Mortes.
Combien de femmes savent que les risques de transmission par voie sexuelle de l’homme à la femme sont plus importants que de la femme vers l’homme ? Combien de femmes séropositives en danger car leurs affections gynécologiques sont mal surveillées ? Nous nous battons pour que nos spécificités de femmes soient enfin prises en compte dans la lutte contre l’épidémie. Nous nous battons pour une vraie politique de prévention à destination des femmes, massive et réellement accessible en terme de forme comme de prix des outils de protection. Nous nous battons pour que les médecins acceptent de voir qu’un corps d’homme et un corps de femme ne réagissent pas de la même façon face à la maladie. Ignorées par la recherche médicale, réduites longtemps au statut de mère, nous voulons enfin avoir une vraie place dans la recherche comme dans les essais thérapeutiques.
Suites du colloque de 2007
A l’issue du Colloque organisé par l’interassociatif « Femmes & VIH », des recommandations et revendications ont été émises par les participantes, nous les portons depuis pourqu’elles soient largement diffusées.
– La prise en compte des spécificités des femmes et leur intégration dans la recherche ;
– La formation des professionnels de santé à la prise en charge de la douleur, aux problèmes sexuels et gynécologiques.
– La création d’un droit d’asile sanitaire au même titre que le droit d’asile politique, qui inclurait le droit au travail et le regroupement familial pour les femmes vivant en France, – Le développement et la recherche d’alternatives aux préservatifs ; des essais sur les microbicides pourraient être menés au Nord, avec la participation de couples sérodifférents ;
– Des campagnes de prévention plus régulières, adaptées à la vie réelle et incarnées par des personnes de différentes générations, une meilleure image du préservatif féminin ;
– Le droit de pouvoir parler de la maladie sans être jugées, que ce soit au sein de sa famille, à son travail, dans les médias, par les professionnelLEs de santé.