Une des propositions de Bernard Kouchner et de Nicolas Sarkozy pour financer l’accès universel aux traitements contre le sida consiste à utiliser comme financement innovant une taxe sur la spéculation monétaire, appelée par certains « micro-taxe Tobin »[[Proposition soutenue par Nicolas Sarkozy devant les ONG le 15 septembre dernier et par Bernard Kouchner le 28 mai 2009. Voir https://www.actupparis.org/spip.php?article3743]]. Or cette solution est remise en cause par le lobby bancaire. Act Up-Paris appelle le directeur du FMI à rétablir pendant le G 20 la vérité sur cette micro-taxe, sa réalité et sa nécessité.
Alors que le lobby bancaire est en voie de réussir à exclure la micro-taxe Tobin des discussion du G20 de Pittsburgh, Act Up-Paris appelle publiquement Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI, à rétablir d’urgence la vérité concernant cette micro-taxe. L’adoption de cette taxe est en effet essentielle au financement de l’accès universel au traitement du sida, signé par les dirigeants du G20 durant le sommet de l’ONU de septembre 2006. La vie de 30 millions de séropositifs est dans la balance. DSK ne peut laisser le lobby bancaire mentir impunément sur la micro-taxe Tobin.
Mensonges anti-taxe
1. « La micro-taxe Tobin vise à stopper la spéculation » : FAUX.
Elle a pour seul objet de lever les 60 milliards[[Voir le rapport de Gordon Brown et Bernard Kouchner évaluant à 67 milliards par an les besoins d’aide sanitaire supplémentaire (en page 7) : www.internationalhealthpartnership.net/CMS_files/userfiles/090817%20WORKING_GROUP_2(1).pdf]] de dollars annuels nécessaires pour atteindre les objectifs sanitaires fixés par les dirigeants de la planète, dont l’accès universel au traitement du sida[[Voir la Déclaration Politique de l’ONU sur le Sida de juin 2006, reprise par les chefs d’Etat lors du sommet de l’ONU de septembre 2006 : http://data.unaids.org/pub/Report/2006/20060615_HLM_PoliticalDeclaration_ARES60262_en.pdf (page 3, paragraphe 20). Voir aussi la Déclaration du G8 2009 : ]].
A un taux microscopique de 0,005%[[ Voir le niveau de la micro-taxe sur : www.stampoutpoverty.org/?lid=9806]] – soit 200 fois moins que la première taxe Tobin –la micro-taxe Tobin est trop faible pour affecter signifativement la spéculation ou les volumes échangés.
2. « La micro-taxe Tobin vise toutes les transactions financières » : FAUX.
Cette taxe vise exclusivement des transactions sur devises[[Voir l’assiette de la taxe Tobin sur : en.wikipedia.org/wiki/Tobin_tax]], et plus particulièrement les transactions impliquant les 4 principales monnaies mondiales (dollar, euro, yen, sterling).
3. « Il est techniquement impossible de taxer les transactions de change » : FAUX.
Les transactions électroniques de change entre banques (99% du marché mondial des changes) sont DEJA soumises à des prélèvements[[ Voir le principe de prélèvement forfaitaire sur les transactions de change sur le site internet de CLS, la principale infrastructure informatique de change interbancaire : www.cls-group.com/ForYou/CLSFunds/fundcasestudies/Pages/CLSTheMissingLink.aspx (dernier paragraphe) et http://www.cls-group.com/Media/Pages/NewsArticle.aspx?id=16 ]]. Mais ces prélèvements actuels sont ridiculement bas (quelques centimes sur chaque transaction en milliards), forfaitaires (quelque soit le nombre de milliards), et affectés uniquement au financement des infrastructures informatiques qui permettent et sécurisent ces transactions interbancaires.
4. « Cette taxe n’est possible que si 100% des pays la décident simultanément » : FAUX.
Les infrastructures informatiques qui permettent les méga-transactions de change fonctionnent sous licence de chaque banque centrale et Etat qui contrôle chacune des monnaies. A partir du moment où un Etat impose une micro-taxe sur les transactions impliquant sa propre monnaie, aucune infrastructure ni aucune banque ne peut s’y soustraire, sous peine de ne plus pouvoir échanger sur cette monnaie.
DSK complice ?
Le Fonds Monétaire International est le regroupement des banques centrales de la planète. Le FMI a donc par essence compétence sur les questions de monnaies. En tant que Directeur du FMI, DSK doit d’urgence intervenir publiquement pour rétablir la vérité concernant la micro-taxe Tobin, face à des spéculateurs monétaires qui trompent l’opinion publique et les médias, à la fois quant à l’objet et la faisabilité de ce nouveau prélèvement. Par son silence, DSK se rendrait complice des mensonges des spéculateurs.
Dominique Strauss-Kahn entend être le candidat de la gauche française pour l’élection présidentielle de 2012, et d’ici là diriger le FMI dans un esprit et avec des valeurs de « solidarité ». Il a ainsi déclaré le 17 septembre « les pays riches, par lesquels la crise est arrivée, doivent augmenter leur aide aux pays pauvres »[[Voir le communiqué de DSK du 17 septembre, sur le site du FMI : www.imf.org/external/pubs/ft/survey/so/2009/POL091709A.htm ]], et a annoncé le 11 septembre son intention de faire du FMI un « défenseur contre la spéculation »[[Voir les déclarations de DSK dans le Monde du 11 septembre : www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/09/11/dominique-strauss-kahn-nous-sommes-toujours-dans-la-crise-economique-et-sociale_1239020_1101386.html]].