Pour la première fois, un résultat encourageant sur un vaccin préventif contre le sida. La recherche vaccinale – et la lutte contre le sida dans son ensemble – doivent donc être soutenues et renforcées. En attendant, le préservatif reste LA protection contre le VIH. Mais peut-être plus éternellement.
Aujourd’hui, les chercheurs du « U.S. Military HIV Research Program » ont rendu public les résultats de l’essai de vaccination de phase III mené en Thaïlande depuis 2003 sur plus de 16000 volontaires testant une technique de prime boost avec ALVAC® HIV et AIDSVAX® B/E. Cette vaccination s’avère capable de réduire le risque d’infection par le VIH de 31,2% comparé à un placebo.
La technique employée fait partie des pistes longuement mûries par les chercheurs au fil des échecs précédents. L’ampleur de l’essai, très controversée à ses débuts, a permis de tester le candidat vaccin auprès d’un groupe représentatif de la population générale thaïlandaise. Le vaccin a été construit en tenant compte de la spécificité des virus circulant dans cette population.
Il s’agit donc de la première réussite d’un candidat vaccin capable de réduire la transmission du VIH. Ceci constitue aussi la première nouvelle positive concrète en 26 ans de recherche sur le vaccin contre le VIH. Pour la première fois, la recherche vaccinale VIH engrange un résultat significatif capable d’orienter positivement ses travaux. Mais elle démontre surtout au public et à ses bailleurs de fonds que son travail n’est pas vain et qu’un effort décisif est maintenant nécessaire.
Cette victoire peut être partagée comme une fierté par toute la communauté de la lutte contre le sida, les personnes vivant avec le VIH/sida en premier lieu. Elle est le résultat d’une œuvre collective, nourrie de 26 ans de combats acharnés des chercheurs, activistes et communautés contre le virus. Cela démontre que le financement de la lutte contre le sida dans son ensemble n’est pas un gouffre sans fond et que la recherche médicale la plus avancée ne se construit pas dans la durée des mandats électoraux, les plus rudes batailles demandent de la persévérance de la part des chercheurs, certes, mais surtout de ceux qui les soutiennent, et ce, au-delà de la gloire qu’ils espèrent en tirer à court terme.
Pour autant, il est inutile de se précipiter en masse chez son médecin demain matin en exigeant d’être vacciné contre le sida. En effet, si grande que soit cette victoire, il est inconcevable de s’en contenter. Comme le rappelle le Dr. Alan Bernstein, directeur de la Global Aids Vaccine Enterprise, « la réduction du risque d’infection par le VIH obtenue dans cette étude est modeste mais donne une orientation décisive aux futures recherches. Les chercheurs, financeurs et défenseurs du vaccin VIH doivent continuer à travailler ensemble pour comprendre ce qui fait le résultat de cette procédure vaccinale, comment son efficacité peut être améliorée, s’il est possible de la reproduire ailleurs dans le monde et comment développer de nouveaux candidats vaccins capables d’étendre le pouvoir de protection atteint ici ».
Autrement dit, le préservatif reste encore le moyen de se protéger de la transmission du VIH. Cette annonce permet simplement d’imaginer qu’un jour ce ne soit peut-être plus le cas.