Act Up-Paris décrète l’état d’urgence pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Faute de financements suffisants de la part des pays riches, le Fonds va devoir renoncer à financer de nombreux programmes de prévention et d’accès aux traitements contre ces trois épidémies. Les progrès incroyables réalisés depuis 10 ans sont brutalement remis en cause. La France a les moyens d’enrayer ce processus et de donner l’exemple en triplant sa contribution au Fonds : Nicolas Sarkozy doit annoncer le montant de sa contribution bi-annuelle dans 50 jours, le 22 septembre, lors du sommet du développement international. Il doit tenir les promesses et ne plus laisser mourir les 15 000 personnes qui chaque jour succombent de ces trois pandémies. Cette hécatombe n’a rien d’inéluctable. Les responsables parlementaires et gouvernementaux ont 50 jours pour que cette décision vitale soit prise
La trahison des pays riches
En 2005, les leaders du G8 avaient promis l’accès universel aux traitements contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Cela impliquait, touTEs le savaient, une augmentation importante de leur contribution au Fonds. 5 ans après, à Toronto, les diririgeantEs du G8 ont non seulement esquivé leurs promesses non tenues. Ils et elles n’ont même pas assuré le Fond Mondial de lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose du maintien de ses crédits actuels, pourtant insuffisants. L’Allemagne menace de réduire sa contribution, l’Autriche, qui n’a rien donné depuis plusieurs années, a annoncé qu’elle continuerait dans cette voix, la plupart des autres pays riches gèlent ou diminuent leur financement.
Les conséquences des promesses brisées
Les financements manquants ne se traduiront pas seulement pas un gel des nouveaux programmes, mais par une réduction de ceux déjà existants. À partir d’octobre, des milliers de personnes ne recevront plus leurs traitements. La majorité d’entre elles n’y survivra pas. Les dynamiques créées localement autour des programmes du Fonds disparaitront, ruinant là les efforts et les investissements de plusieurs années. Les programmes de prévention et de lutte contre les discriminations, indispensables pour lutter efficacement contre le sida, seront sacrifiés.
Le nombre de séropositifVEs n’a jamais été aussi élevé de par le monde, et n’a cessé de croître depuis 2005 : 33 millions de personnes vivent avec la maladie. Dans certaines régions d’Afrique, le taux de prévalence parmi la population adulte dépasse de loin les 50%. Le paludisme et la tuberculose font des ravages dans des régions déjà largement défavorisées. Ensemble, ces trois pandémies tuent 15 000 personnes par jour.
Le Fonds mondial, un outil d’une grande efficacité
Contre ces fléaux qui déciment le monde, le Fonds Mondial s’est en moins de dix ans révélé être un dispositif d’une grande efficacité. Le sida tuait 10 000 personnes en 2001, ce chiffre est aujourd’hui de 6 000, et pourrait encore être largement réduit avec les efforts financiers adéquats.
Modèle dans la lutte globale contre les pandémies qui touchent le monde, les effets du Fonds Mondial dépassent largement le cadre des maladies qu’il traite en priorité. Parce qu’il finance le développement d’infrastructures de santé au niveau local, tout comme la formation de ressources humaines en recherche, le Fonds est un instrument de promotion de santé dans le monde entier.
Les engagements de Sarkozy peuvent et doivent être tenus
En 2007, juste après son élection, Nicolas Sarkozy reprenait l’engagement de son prédécesseur de tout faire pour assurer l’accès universel aux traitements. Pourtant, dès la fin de cette année, il gelait pour la première fois depuis 6 ans la contribution de la France au Fonds à hauteur de 300 millions d’euros. En 2009 encore, l’UMP a failli amputer ce financement de 5 %.
La France a pourtant les moyens de financer le Fonds. Les différentes mesures accordées aux foyers les plus aisés privent le budget de l’État de 15 milliards par an. Et la France n’a-t-elle pas su trouver des centaines de milliards pour le plan de sauvetage des banques ? Paradoxalement, au moment où il impose des coupes sombres dans tous les budgets, le gouvernement conservateur de David Cameron vient d’annoncer une augmentation de l’aide britannique au développement.
La question n’est donc pas le manque d’argent, la question est de savoir quelles priorités affiche ce gouvernement sans aucune morale, qui semble préférer dépenser des sommes faramineuses pour les traders, leurs banques, et les foyers les plus riches, et refusent de consacrer une infime portion de nos richesses pour sauver des centaines de millliers de vies humaines et tenir ses promesses.
À l’heure où commencent les négociations budgétaires nous n’avons pas d’autre choix que de déclarer l’état d’urgence. Au cours des 50 jours qui viennent, Act Up-Paris se battra pour exiger :
– de Nicolas Sarkozy qu’il tienne ses promesses et verse les sommes que la France doit au Fonds Mondial de lutte contre le paludisme, le sida, et la tuberculose. Il doit aussi agir auprès de ses homologues pour les convaincre d’agir, sa réputation de chef d’État est en jeu.
– de François Baroin, ministre du Budget, qu’il ne fasse pas porter sur les plus pauvres du monde les coupes budgétaires annoncées.
– de Carla Bruni, « ambassadrice de bonne volonté du Fonds Mondial », qu’elle montre plus que de la bonne volonté dans la réalisation de son rôle.
– des parlementaires et de la commission des Finances qu’ils et elles s’assurent par tous les moyens que les sommes versées au Fonds Mondial sont à la hauteur des attentes des malades du monde entier.
Act Up-Paris rappellera chacunE d’entre eux/elles à ses obligations jusqu’au 22 septembre, et rendra publics les résultats finaux et les contributions de chacunE. Nous les interpellerons publiquement chaque fois que nous l’estimerons nécessaire.