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Alors que la Ministre de la Sante et la secrétaire d’Etat à la famille continuent d’évoquer l’intérêt d’une expérimentation de salles de consommation de drogues à moindre risque (SCMR) François Fillon vient de s’opposer à leur expérimentation. Le collectif du 19 mai diffuse deux documents dont la valeur scientifique est inattaquable et qui démontrent que les arguments avancés par les détracteurs, infondés, relèvent de l’irrationnel.
Comment la décision du Premier ministre pourrait-elle être juste puisque le président de l’administration chargée de la préparer, Étienne Apaire de la MILDT, ne cesse de manipuler les données scientifiques et de désinformer le grand public comme les décideurs sur les dispositifs de la réduction des risques, comme il l’a fait dans une interview accordée au
Monde daté du 10 août ?
Le collectif du 19 mai appelle le Premier ministre à mettre fin à la démagogie obscurantiste de la MILDT et à tenir compte des leçons de notre expérience de terrain et des études scientifiques.
Synthèse des deux documents
1 Le soutien du président de l’International Aids Society
Le 21 mars 2010, le professeur Julio Montaner, alors président de l’
International Aids Society, écrivait à la ministre de la santé Roselyne Bachelot-Narquin (notre premier document). Il y affirme son « entier soutien à une évaluation des centres d’injection supervisée ». Investigateur principal d’une étude évaluant l’activité d’un CIS à Vancouver, il résume dans ce courrier les conclusions, notamment la réduction des comportements à risque de transmission du VIH et du VHC ou du nombre de décès par overdose. Le professeur Montaner indique par ailleurs que l’année suivant sa mise en place, il y a eu une augmentation de 32 % d’inscription pour une désintoxication parmi un échantillon d’usagers choisis au hasard. Une conclusion qui devrait rassurer les personnes qui pensent que les CIS inciteraient à l’usage des drogues illicites ! Le professeur Montaner cite enfin deux études indépendantes évaluant le rapport coût/bénéfices et concluant qu’un tel centre permettait au systèmes de soins de faire des économies substantielles.
2 La synthèse de l’expertise collective de l’INSERM
Saisi par la ministre de la Santé sur la réduction des risques chez les usagers de drogue, l’INSERM rendait le 30 juin 2010
les synthèse et recommandations de son expertise collective. Dans les pages 27 à 29 de ce rapport (notre deuxième document), les experts se livrent à une analyse de la littérature scientifique concernant les CIS.
Ils notent que du fait d’un manque d’études et des difficultés méthodologiques, « on ne peut tirer de conclusions sur une influence spécifique des CIS sur l’incidence du VIH ou du VHC. ». Mais « des études démontrent clairement une diminution des abcès et autres maladies liées à l’injection, une diminution des comportements à risque de transmission du VIH/VHC (partage de matériel usagé ou de matériel servant à la préparation de l’injection) chez les usagers, avec une probable influence plus large sur la communauté des usagers ». L’interprétation qu’Apaire fait de cette synthèse est donc pour le moins biaisée quand il affirme que : « L’impact des salles d’injection sur la réduction des infections (VIH, hépatites) n’y est pas démontré ».
Etienne Apaire ajoute : «Le fait qu’elles pourraient faciliter l’accès aux soins des toxicomanes, voire leur sortie de la dépendance, n’en est qu’au stade de l’hypothèse.» Or, l’INSERM affirme : « Même si une partie non négligeable des usagers sont ou ont déjà été en traitement, certaines études montrent une augmentation du nombre d’usagers entrant en traitement pour leur dépendance. Les résultats des études suggèrent donc une complémentarité entre CIS et traitement de la dépendance.». Une nouvelle fois, Étienne Apaire manipule les conclusions du rapport. De plus, le présdident de l’IAS a clairement démontré l’augmentation (34 % de plus l’année suivant l’installation d’un CIS à Vancouver) du nombre d’usagers se faisant traiter pour leur dépendance.
Enfin, le rapport montre encore l’intérêt des CIS en matière d’économie pour le système de santé, d’amélioration de l’accès aux soins des usagers, de réduction de la consommation dans des lieux publics et des nuisances associées – ceci sans que l’on constate une augmentation de la consommation de substances illicites ou de crimes et délits associés à la drogue. Autant de résultats qui plaident pour une expériementation de ces salles en France, et qu’Étienne Apaire passe sous silence dans ses interventions publiques.
Documents joints