Lors du sommet sur les OMD à New York, Nicolas Sarkozy a annoncé lundi 20 septembre une augmentation de la contribution française au Fonds Mondial de 20%, soit de 60 millions d’euros par an pour les trois prochaines années. Michel Kazatchkine, le directeur exécutif du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a salué l’action de la France, tout comme ONUSIDA. Pourtant, selon les estimations de secrétariat du Fonds Mondial lui-même, seul un doublement de la contribution des principaux pays donateurs permettrait de garantir de nouvelles mises sous traitements. Il aurait donc fallu que la France donne au moins 600 millions d’euros par an, au lieu des maigres 360 millions qu’elle a promis.
Pour continuer les mises sous traitements dans les années qui viennent et appliquer les nouvelles recommandations de l’organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise de traiter plus tôt plus fort — avec des traitements moins toxiques et plus efficaces — dans les pays du sud, le Fonds Mondial a besoin de 20 milliards de dollars pour les années 2011, 2012 et 2013. Or, en l’état actuel des choses, à dix jours de la reconstitution des fonds du Fonds Mondial à New York, le Fonds Mondial n’obtiendrait que 12 ou 13 milliards de dollars sur trois ans.
De surcoît, l’augmentation annoncée par la France est bien en deçà des engagements pris par les pays du G8 en 2005 (et réaffirmées aux sommets suivants), d’atteindre l’accès universel aux traitements d’ici la fin 2010.
L’augmentation annoncée par la France n’est donc qu’un effet d’annonce et de communication. En réalité, l’absence de volonté politique de Nicolas Sarkozy et de Barack Obama sur la question du sida aura des répercussions en termes de millions de vie non sauvées. L’enthousiasme affiché de Michel Kazatchkine sur la contribution française va à l’encontre de l’intérêt des malades. Michel Kazatchkine sait pourtant qu’un doublement de la contribution française aurait représenté un montant ridicule face à toutes les sommes dépensées par Nicolas Sarkozy pour les banques et les traders. De toute évidence, le directeur du Fonds Mondial prépare déjà sa réélection à la tête du Fonds en juin 2011, et a opté pour la stratégie de ne pas se mettre en froid avec les principaux pays donateurs, qui pourraient le réélire. Nous saurons le lui rappeler au moment opportun.
Les communications de l’Elysée et de Michel Kazatchkine sont mensongères, et constituent une réelle trahison pour les 10 millions de malades du sida en urgence de traitements dans les pays pauvres.
Act Up-Paris exige :
– De la France, qu’elle double sa contribution au Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour les trois prochaines années
– De Michel Kazatchkine, qu’il dise la vérité, sur la situation que traverse le Fonds Mondial