Etude internationale de phase II, multicentrique, randomisée, non comparative mais contrôlée, combinant l’intervention immuno-modulatrice de l’interleukine-7 (CYT107) et l’intensification du traitement antirétroviral par le raltégravir et le maraviroc pour atteindre le réservoir du VIH
Qui peut participer à cette étude ?
28 personnes séropositives sous trithérapie depuis au moins 3 ans, sans interruption cumulée de plus d’un mois, avec des traitements inchangés au cours des 3 mois précédant, ayant une charge virale contrôlée, un taux de CD4 supérieur à 350/mm3. La sélection est fondée sur un réservoir sanguin périphérique faible[[Critères = charge en ADN proviral dans les cellules mononuclées du sang périphérique comprise entre 10 et 500 copies pour un million de cellules, au cours des 60 jours précédant l’entrée dans l’essai.]]. La prise préalable d’un anti-intégrase (raltégravir) ou d’un anti-CCR5 (maraviroc, vicriviroc), ou le recours à une intervention thérapeutique immunologique (par exemple interleukine 2 ou 7) au cours de l’année écoulée sont des critères d’exclusion.
Quel est l’objectif de l’étude ?
L’objectif principal est d’évaluer l’effet sur les réservoirs du VIH d’une intensification du traitement antirétroviral combinée ou non à une approche immunitaire expérimentale à base d’interleukine 7 (IL-7) recombinante humaine visant à faire exprimer le VIH par des cellules infectées de façon latente*Les cellules latentes ne sont pas sensibles aux antirétroviraux actuels ; le traitement antirétroviral doit permettre de contenir la diffusion du virus après activation.. L’intensification de traitement antirétroviral seule sera donc aussi évaluée comme stratégie visant à faire encore plus baisser la charge virale. A terme, il s’agit de tester si ce type de combinaison est capable de purger le réservoir viral, voire de l’éradiquer, pour assurer une rémission ou une guérison[Voir [Protocoles 57, août 2009 et le compte-rendu de la RéPI sur l’éradication ]].
Comment se déroule l’étude ?
L’étude 01[[Eramune-02 a lieu aux USA]] est menée en France, en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni. Les 28 participants seront répartis en deux groupes :
– Groupe A : intensification du traitement de base avec les deux antirétroviraux raltégravir et maraviroc sur 56 semaines;
– Groupe B : idem + traitement par immuno-modulation avec l’IL-7 consistant en 2 cycles (débutant semaine 8 et semaine 28) de 3 injections (1/semaine à 20 µg/kg).
Des prélèvements seront réalisés pour évaluer la quantité de virus au bout de 56 semaines dans les réservoirs (sang) et de mesures dans d’autres réservoirs plus profonds (organes lymphoïdes de l’intestin).
Qui contacter pour rentrer dans cette étude ?
– Investigatrice principale : Pr Christine Katlama, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, 75013 Paris, 01 42 16 01 73
– Permanence d’Act Up : mardi, mercredi, jeudi, de 9h à 13h au 01 49 29 44 82
Notre avis
La persistance dans notre corps de formes virales non sensibles aux traitements antirétroviraux perpétue des réservoirs qui alimentent la reprise de la virémie si l’on arrête les traitements. En imposant comme critère d’inclusion d’avoir un réservoir faible et en combinant une intensification de traitement antirétroviral avec un activateur des réservoirs, cet essai se donne de meilleure chance de succès par rapport aux essais de purge précédents, qu’il s’agisse d’intensification seule ou d’utilisation d’activateur comme l’acide valproïque (Voir Protocoles 60, mars 2010). L’activation des réservoirs pour qu’ils produisent du virus peut sembler dangereuse, mais l’utilisation intensive d’antirétroviraux vise à contenir le virus.
L’IL-7 continue d’être évaluée comme immuno-modulateur dans diverses pathologies, notamment vis-à-vis des lymphocytes T CD4 et CD8 (augmentation du nombre et protection). (Voir Protocoles 41, février 2006 et Protocoles 57, août 2009). L’idée ici est différente puisqu’il s’agit de viser la petite proportion de cellules lymphocytaires infectées par le VIH pour les tuer en les forçant à produire du virus. Cette approche, si elle réussit, sera un pas en avant vers de nouvelles stratégies thérapeutiques innovantes, permettant peut-être un jour de pouvoir arrêter durablement – voire définitivement – la prise d’antirétroviraux classiques.