La Société Française d’Etudes et de prise en Charge du Transsexualisme (SoFECT) réunit depuis janvier 2010 « les professionnels de la prise en charge en France des problèmes relatifs à l’identité de genre » (comprendre : les experts autoproclamés des protocoles officiels). Nous avons pu nous procurer une communication secrète du secrétaire général de cette société.
« Nous avons vraiment eu chaud. Jusqu’à maintenant, nous étions les seuls sur le créneau des hôpitaux – où, comme il se doit, on décide entre nous qui est vraiment transsexuel et qui ne l’est pas, et selon quel protocole cela doit se passer. Le rapport de la Haute Autorité de Santé allait bien sûr dans notre sens et cette idée de créer des centres de référence est une belle manière de labelliser notre travail. Seule ombre au tableau : l’agitation des associations. Enhardis par leur victoire (l’annonce de la déclassification de la transsexualité de la liste des affections longue durée par le ministère de la Santé), ces dérangés du ciboulot ont failli nous compliquer la tâche. Un peu plus et nous devions composer avec des médecins hors de notre cercle et surtout avec ces associations d’hystériques qui voudraient faire n’importe quoi, n’importe comment. Et pourquoi pas remettre en cause la psychiatrie souveraine, choisir librement son médecin et suivre des parcours en dehors des centres de référence, tant qu’on y est ?
Heureusement, le Ministère nous prend plus au sérieux que ces maboules. Dans le rapport que nous lui avons adressé, nous avons bien fait d’expliquer qu’il ne faut pas tout mélanger : » la notion de transsexualisme n’est ni synonyme d’infection par le VIH, ni synonyme de prostitution, même si ces situations se rencontrent parfois et sont prises en charges spécifiquement « . Ca a cloué le bec à ces mauvaises langues qui prétendent que nous refusons de prendre en charge les transsexuels prostitués (les condamnant soi-disant à se prostituer davantage pour s’offrir ailleurs les opérations) ou à ceux qui sont séropositifs au VIH. Le sida, parlons-en : on nous parle de séroprévalence record chez les transsexuels… Mais de quoi parle-t-on ? De quelles études ? Certes, le Commissaire européen aux droits de l’homme en cite ; certes, la prise compte des trans dans l’enquête VESPA 2 ou l’appel à projet de l’INPES apporteront sans doute des données, mais on ne devrait pas nous embêter pour si peu… Je propose de répondre que » les chiffres français de la prévalence du VIH parmi les personnes transsexuelles ne sont pas connus. Ils n’atteignent certainement pas 20% des cas. » Et l’affaire est dans le sac. Vous me direz que c’est déjà énorme ? Mais vu les ravagés du bulbe qui traînent dans ces associations, personne n’ira comparer à la prévalence en population générale.
Il est hors de question de laisser faire et qu’on nous enlève la mainmise sur le parcours de soin. Notre boulot, c’est de remettre ces malades dans le droit chemin, certainement pas de lutter contre le sida ! Sinon, où allons-nous, ma bonne dame ? »
Voici le droit de réponse demandé par la SoFECT (reçu par courrier le 21 mars) à notre article satirique :
«Les membres de la SoFECT et son secrétaire général ont été particulièrement choqués de prendre connaissance du texte intitulé « ACT UP révèle les plans secrets pour garder la mainmise sur les Trans’ de… la SoFECT ».
Il s’agit là d’un faux grossier qui ne correspond en aucun cas à l’éthique qui guide la démarche des membres de la SoFECT.
En effet, il est utile de rappeler que la SoFECT est constituée de professionnels de santé hospitalo-universitaires qui oeuvrent au quotidien dans l’intérêt des personnes transsexuelles pour leur permettre de réaliser harmonieusement leur réassignation sexuelle, en leur assurant, dans le respect du service public hospitalier, la sécurité des soins de toute nature à laquelle elles sont en droit de prétendre.
Il doit être également souligné que la SoFECT n’est en aucun cas une Société secrète, comme tente maladroitement de le faire croire les auteurs de ce faux grossier. En revanche, les professionnels de santé membres de la SoFECT ont assuré pendant longtemps la prise en charge des personnes transsexuelles dans l’indifférence générale, compte tenu du caractère minoritaire de la population à laquelle ils prodiguaient leurs soins.
Leur professionnalisme et leur témérité ont contribué à la reconnaissance des personnes transsexuelles au sein de la cité pour qu’elles parviennent à vivre en harmonie et obtiennent un droit légitime à l’anonymat.
La SoFECT et son secrétaire général déplorent que ce type d’article mensonger puisse être diffusé, car si l’Internet est un espace de liberté précieux, nul ne saurait l’utiliser pour porter atteinte à la dignité des personnes qui est le souci constant que la SoFECT dont les membres sont animés par les principes contenus dans le serment d’Hippocrate.
Il n’en va manifestement pas de même en ce qui concerne les auteurs de la prétendue communication secrète attribuée au secrétaire général de la SoFECT.»
Nous n’avions pas jugé pertinent de préciser lors de la parution de l’article ci-dessus qu’il s’agissait d’une satire. Nous pariions sur l’intelligence de notre lectorat. Les responsables de la SoFECT ont tenu à faire savoir que, non, ils/elles n’ont pas écrit ce texte. Sans répondre sur le fond.
Si les responsables de la SoFECT n’ont pas compris que notre texte était une parodie, c’est sans doute que nous n’avons pas assez forcé le trait. Nous avons été encore trop mesuréEs. Et il est vrai que la prose de la SoFECT publiée sur cette page est bien plus drôle que notre pâle imitation. Dans notre article parodique, nous n’aurions par exemple jamais pensé à utiliser le mot « témérité » pour qualifier la SoFECT, ce que l’original n’hésite pourtant pas à faire.
Pour conclure, et être clair : s’il faut un texte parodique pour que la SoFECT se remette en cause, se sente obligée de se justifier, contacte les associations trans, parle de « personnes transexuelles », de « transidentité » et non plus de « patients », rappelle qu’elle tient à la dignité des personnes, se déclare ouverte au dialogue, nous aurons encore recours à des textes parodiques. Au fait, gens de la SoFECT, vous avez oublié un mot important dans votre droit de réponse : et le sida, dans tout ça ?
PS: « J’ai compris que je m’étais laissée piéger par son aspect déconcertant, effrayant, non pas parce qu’il aurait été une caricature de femme, un travelo sans talent : il n’était rien, ni homme ni femme. »
C. Chiland, membre d’honneur de la SoFECT – témérité, dignité.