Peut-être n’êtes vous pas une femme transsexuelle, ni n’avez d’amie ou d’amante transsexuelle, et pourtant ce film parle de vos sentiments, de l’amour, de l’amitié, du temps qui passe…
João Pedro Rodriguez l’explique simplement « C’est un film de guerre dans tous les sens du terme, puisqu’il s’agit d’un personnage qui lutte contre soi-même ». Tonia, transsexuelle vieillissante, aspire à une vie paisible avec Rosario, son jeune amant. C’est sans compter sur les aléas de la vie : son métier de chanteuse de cabaret où son âge commence à poser problème, la toxicomanie de son compagnon, le rejet de son fils, les pressions de son entourage pour qu’elle choisisse enfin une concordance entre son genre et son sexe biologique par une opération chirurgicale.
Le film oscille entre la mélancolie et le bonheur dans une ambiance d’étrangeté des personnages, des lieux. Lisbonne la nuit, l’appartement de Tonia son havre baroque rempli des personnages saints, la forêt, univers onirique, propice aux rencontres et aux révélations sur soi même.
Des militaires et des créatures échappées de la république de Weimar qui déclament des poèmes en VO contribuent au sentiment d’étrangeté et apportent une touche d’humour dans cet univers pesant.
Une autre actrice est très importante dans ce film : la musique. Sans obéir au voeu de dogme 95 où « Le son ne doit jamais être réalisé à part des images, et inversement (aucune musique ne doit être utilisée à moins qu’elle ne soit jouée pendant que la scène est filmée) » la musique fait partie de la vie des personnages et de la narration du film, imprégnée de tristesse, de nostalgie, de la saudade – ce sentiment qui mélange la joie, la tristesse et l’attente d’un bonheur perdu que l’on pourrait retrouver…
On dit que pour les grandes oeuvres il y a un avant et un après. « Mourir comme un homme » n’est peut être pas un chef d’oeuvre mais son message universel touche au delà des genres et des préférences de vie.