Mercredi et jeudi prochains se tient le Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Les pays scandinaves et anglo-saxons vont y proposer une « réforme » de l’appel d’offre qui revient à ralentir et plafonner les financements, c’est-à-dire à empêcher que ne progresse l’accès à la prévention, au dépistage et aux soins. La France doit s’y opposer.
Les principales mesures sont les suivantes :
– Les pays d’Europe de l’Est et centrales, considérés comme n’étant plus « assez pauvres » pour mériter d’être aidés, seront inéligibles, sauf si l’épidémie y atteint un rang élevé. Il faudra donc attendre que le pire se produise pour pouvoir financer la lutte contre le sida auprès des populations de ces nations ;
– La règle générale sera que l’ensemble des pays bénéficiaires ne pourront plus postuler qu’à un appel d’offre (round) sur deux. C’est punir les pays qui ont une faible capacité de prévision ou pour lesquels un besoin sanitaire urgent se déclarera (une majorité de pays se trouvant dans cette situation) ;
– Près de la moitié des pays verront leur financement plafonné à 2 millions d’euros par pays et par an, une somme ridiculement insuffisante. Le plafond tiendra compte de critères de pauvreté que le Fonds sera le seul à utiliser. Il ne tiendra pas compte par exemple du nombre d’habitantEs par pays ;
Le financement à ces derniers pays ne pourra pas dépasser 10 % de l’enveloppe globale de chaque round. Cela signifie donc que les pays concernés par ce plafonnement ne pourront pas postuler s’ils sont jugés les moins prioritaires.
Ces mesures sont décrites dans divers documents, d’une rare complexité, proposés au vote au prochain CA. Mais la rigueur technique masque mal les intentions réelles des initiateurs du projet : faire baisser artificiellement la demande, pour ne pas avoir à augmenter les contributions financières à hauteur des besoins réels – ce qui était pourtant un grand principe du Fonds.
En revenant une fois de plus sur ce principe, les administrateurRICEs du CA responsables de ces propositions vont bloquer les progrès dans l’accès à la prévention et aux soins, et vont laisser mourir des milliers de personnes chaque jour. Pourtant, les pays riches ont les moyens financiers d’empêcher cette hécatombe. Ils ont de plus la possibilité de recourir à des financements innovants, comme la taxe sur les transactions financières. Enfin, les pays riches doivent cesser de bloquer la circulation des génériques, et au contraire les promouvoir puisque les copies des médicaments permettent de faire baisser le prix des traitements, donc de soigner plus de personnes.
Act Up-Paris exige :
– que l’Elysée donne instruction au représentant de la France au CA du Fonds de s’opposer à l’ensemble de ces mesures ;
– que les pays riches tiennent leurs promesses d’assurer l’accès universel aux soins et à la prévention, promesse qui aurait dû être remplie en 2010.