Le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose rendra ses résultats 2010 publics demain matin, lors d’une conférence de presse au quai d’Orsay. A cette occasion, Act Up-Paris rappelle que cet organisme est un outil essentiel pour l’accès à la prévention et aux soins contre ces trois pandémies. Nous demandons que les pays riches tiennent enfin leurs promesses d’assurer l’accès universel aux traitements. Nous demandons par ailleurs que ces mêmes pays cessent d’entraver la circulation des génériques dans les pays pauvres.
Un rôle indispensable
Le Fonds mondial a été créé en 2001. Le sida tuait 10 000 personnes par jour à cette époque. Aujourd’hui, ce chiffre est de 6 000 personnes. En moins de 10 ans, le Fonds a permis de passer de 5 % de personnes séropositives au VIH sous traitements à plus d’un tiers. Son efficacité et sa nécessité sont donc indéniables.
Promesses non tenues = mort
Deux tiers des personnes qui ont besoin des traitements vitaux n’y ont toujours pas accès. Les pays riches ont brisé leurs promesses. Les dirigeantEs du G8 s’étaient en effet engagés lors de leur sommet 2005 à atteindre l’accès universel à la prévention et aux traitements contre ces trois pandémies d’ici la fin 2010 [[Voir le paragraphe 18 de la résolution finale du G8.
]]. Nicolas Sarkozy avait repris cette promesse à son compte en juin 2007. Cet engagement impliquait une augmentation radicale des contributions financières. Il n’en a rien été.
Dès l’automne 2007, Nicolas Sarkozy prenait la responsabilité historique d’annoncer le gel sur trois ans de la subvention française au Fonds. Trois ans plus tard, après avoir dépensé des milliards pour assurer les profits des traders et des banquiers au nom de la crise financière[[Par exemple, à l’automne 2008, la France débloquait plus d’un milliard d’euros pour sauver la pérennité de la Caisse d’épargne et de la BNP, d’un naufrage causé par la spéculation, permettre la fusion de ces banques et mettre un proche de Nicolas Sarkozy à la tête de ce groupe. Cette somme représentait alors 5 années de la contribution de la France au Fonds !]], Nicolas Sarkozy annonçait à l’automne dernier une augmentation ridicule de 20 %. Il manquait ainsi l’occasion d’adresser au reste du monde le signe fort que l’accès universel était possible grâce à une forte augmentation des contributions.
Des génériques pour optimiser les résultats du Fonds
La concurrence des médicaments génériques permet de faire baisser le prix des traitements, donc de soigner plus de personnes. Les génériques sont ainsi indispensables à l’accès universel aux traitements. Ils sont aussi indispensables pour permettre aux personnes déjà sous médicaments de passer à une seconde génération de molécules, plus efficaces, moins toxiques, mais beaucoup plus chères. La concurrence de génériques est enfin nécessaire pour faire face au défi de la co-infection entre le VIH et les hépatites virales, défi qui n’est pas relevé par le Fonds actuellement, faute de moyens.
Malgré ces évidences, les dirigeantEs des pays riches ne cessent de multiplier les entraves aux génériques, notamment par le biais d’accords internationaux, comme le traité conte la contrefaçon ACTA, ou des accords bilatéraux de libre-échange, contenant des clauses rendant impossibles la production, l’exportation ou l’importation de génériques.
D’un côté, les pays riches refusent de tenir leurs promesses financières. De l’autre, ils bloquent les mécanismes qui permettent de réduire les coûts des traitements et d’optimiser leurs financements.
Act Up-Paris exige :
que les pays du G8 augmentent radicalement leur contribution financière au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose ;
que les dirigeantEs des pays riches cessent leurs attaques contre les médicaments génériques et en assurent au contraire la promotion.