Ce 20 juin 2011 a été rendue publique une proposition de résolution pour réaffirmer la position abolitionniste de la France en matière de prostitution.
Cette résolution a été présentée par Danielle Bousquet (PS), Guy Geoffroy (UMP), Jean-Marc Ayrault (PS), Christian Jacob (UMP), François Sauvadet (Nouveau Centre), Yves Cochet (EELV), Marie-George Buffet (PC) , Martine Billard (Parti de Gauche) et Marie-Jo Zimmermann (UMP).
Prétendant combattre des idées reçues sur la prostitution, cette résolution vise à « réaffirmer la détermination de la France à lutter contre la prostitution et à garantir les droits des personnes prostituées »
Les travailleurEs du sexe et les associations de santé communautaire, de prévention et de lutte contre le sida réunis au sein du collectif Droits & Prostitution redoutent que cette nouvelle campagne contre la prostitution réduise, au contraire de ce qui est annoncé, non seulement les droits des prostituéEs mais aussi leur accès à la santé et aux structures de prévention.
Il s’agit en fait d’une résolution qui ouvrirait la porte à un arsenal de mesures visant à entraver le travail sexuel, voire à l’interdire.
Dans l’immédiat, cette résolution prépare ainsi l’annonce d’une loi pénalisant les clients. Le collectif Droits & Prostitution [[Le dossier de presse contre la pénalisation des clients est téléchargeable ici : http://site.strass-syndicat.org]] a déjà dénoncé les conséquences d’une telle mesure : éloignement géographique et difficultés d’accès des structures de prévention, clandestinité accrue, exposition aux risques de transmission du VIH sida et des autres IST, recrudescence des violences. Ces parlementaires refusent obstinément d’écouter les arguments des associations qui travaillent tous les jours auprès des prostituéEs.
Prétendant présenter la réalité de « la » prostitution, et voulant faire adopter cette résolution, ce texte évoque pêle-mêle : le fait que la majorité des travailleurEs du sexe seraient des femmes, que la majorité seraient migrantes, que la plupart subiraient des violences ou des viols dans l’exercice de leur activité et que les clients seraient des hommes mariés.
Ces arguments visent à présenter la prostitution comme une violence en soi et à nier toute notion de travail sexuel indépendant.
Ce sont les conditions d’exercice du travail sexuel qui mettent en danger les travailleurEs du sexe. Actuellement, elles sont déjà considérablement dégradées par le fait que les personnes sont poussées à exercer toujours plus loin des lieux de passage, par l’impossibilité d’obtenir un titre de séjour, par les abus de pouvoir des forces de l’ordre, par la difficulté à faire entendre sa plainte aux services de police en cas d’agression… Nous soutenons qu’aucune mesure de répression contre la prostitution, y compris contre les clients ne peut prétendre protéger les prostituéEs contre les viols et les violences.
Nous soutenons également qu’aucune mesure de répression ne peut, et n’a jamais pu, garantir les droits fondamentaux des travailleurEs du sexe.
Mesdames et Messieurs les députés, vous n’avez rien retenu de huit ans de répression du racolage.
Par ailleurs, vous niez dans cette résolution la volonté des prostituéEs d’être reconnues comme des travailleurEs titulaires de droits.
Votre double aveuglement va être préjudiciable aux prostituéEs que vous prétendez vouloir protéger.
Plutôt que de garantir la protection effective des droits fondamentaux des travailleurEs du sexe vous préparez leur violation accrue.
Les conséquences en termes de santé publique vont être catastrophiques.
Vous en serez directement responsables.