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Hier matin, Act Up-Paris et Sidaction ont rencontré, aux côtés d’ONG pour l’accès à la santé et pour le développement, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, pour aborder des questions cruciales en vue du Sommet du G20 qui s’ouvre aujourd’hui à Cannes. Les échanges ont notamment laissé entendre que le lancement d’une taxe sur les transactions financières (TTF) lors de ce sommet était compromis. A l’heure où le G20 de Cannes s’ouvre, de nombreuses incertitudes pèsent sur l’avenir de la lutte contre le VIH/sida et sur la manière dont les traitements vont pouvoir être financés dans les mois qui viennent pour des millions de malades des pays à ressources limitées. Act Up-Paris et Sidaction déplorent que le G20 ne soit qu’une nouvelle occasion manquée de trouver des solutions pour stopper l’épidémie.

Lors de la réunion de haut niveau sur le VIH de New York en juin dernier, les pays membres des Nations Unies s’étaient engagés à ce que 15 millions de personnes aient accès à un traitement antirétroviral d’ici 2015. Malheureusement, sans financements innovants additionnels ou fonds supplémentaires dégagés d’urgence, ces objectifs semblent fortement compromis.

Dans moins de quinze jours, s’ouvrira au Ghana le conseil d’administration du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le Fonds ne sera cette année pas en mesure de financer de nouveaux projets en raison d’une pénurie de ses financements. Pire, le Fonds a même dû revoir ses critères d’éligibilité : des pays considérés comme pas assez pauvres (PRI – pays à revenu intermédiaire) et où les pandémies ne sont pas généralisées ne peuvent ainsi plus soumettre d’appel à projets. Pourtant, ces pays ne peuvent pas assurer l’accès aux soins de leurs populations. Or, pour être efficace, la lutte contre le sida doit être menée de manière globale dans les pays riches comme pauvres.

Nicolas Sarkozy avait repris à son compte l’engagement du G8 pris en 2005 d’assurer l’accès universel aux traitements pour 2010. Une fois arrivé au pouvoir, il a octroyé une augmentation très en deçà des besoins l’an dernier (augmentation de 20%, soit 60 millions d’euros par an). Ce montant est dérisoire au regard des sommes affectées au plan de sauvetage des banques, comme pour Dexia tout récemment.

C’est dans ce contexte que des associations ont défendu l’idée d’une taxe sur les transactions financières, additionnelle aux financements actuels. Non pour dédouaner les pays riches de leurs promesses, qu’ils doivent encore tenir, mais pour montrer que des financements innovants sont possibles, et qu’ils peuvent permettre de contribuer à rééquilibrer la donne entre les logiques de la finance et celles de la santé, de l’éducation, du développement et du changement climatique. La taxe va désormais être présentée par la Commission Européenne et être soumise aux votes des différents pays membres de l’Union Européenne (EU) pour être peut être adoptée par l’euro-groupe (zone Euro). Alors que la France aurait pu seule profiter du G20 pour lancer la TTF, ce processus risque d’être long et de nombreuses incertitudes demeurent concernant l’affectation des fonds issus de la TTF au final.

Act Up-Paris et Sidaction regrettent que la présidence française et le G20 de Cannes ne conduisent pas les chefs d’Etats des pays les plus riches et émergents de prendre des engagements chiffrés concrets pour financer l’accès aux traitements. Des fonds supplémentaires pour la lutte contre la pandémie sont plus que jamais nécessaires pour mettre toutes les personnes qui en ont besoin sous traitement, améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH et vaincre cette épidémie. Ce G20 prend le risque d’être une nouvelle occasion manquée de permettre à des millions de malades d’avoir accès à des traitements vitaux.