Où trouver l’argent ?
La dette et le déficit sont devenus le seul horizon politique. Une sorte de fatalité voudrait que toute revendication qui
coûterait au budget de l’Etat ou à la Sécurité sociale serait irréaliste. Or, c’est précisément ce discours de la fatalité
qui est déconnecté de la réalité !
Faire des économies sur la santé, c’est détourner les personnes des dispositifs de prévention et de dépistage, donc favoriser le retard dans l’accès aux soins. Or, une prise en charge tardive est dangereuse sur le plan sanitaire, et bien plus coûteuse économiquement.
De réelles économies, qui ne pénalisent pas les plus précaires et les plus malades,
peuvent être faites. Le prix des médicaments est fixé abusivement et sans aucune transparence. Il n’a rien à voir avec le coût réel des molécules et est un des premiers responsables des déficits de l’Assurance Maladie.
On peut aussi économiser sur la répression des sans-papiers, des travailleurSEs du sexe et des usagErEs de drogue.
La “guerre à la drogue” en France représente par exemple, toutes dépenses confondues, plus de deux milliards d’euros.
D’autre part, la dette et le déficit sont
le résultat de choix politiques sur lesquels les responsables peuvent revenir : l’impôt sur la fortune doit être réellement rétabli, celui sur le revenu doit en finir avec les cadeaux aux plus riches, les exonérations de cotisations patronales à la Sécu,
qui ont montré en trente ans leur inutilité en matière d’emploi, doivent être supprimées. C’est plus de 150 milliards d’euros de revenus dont se sont progressivement privés les gouvernements successifs :
largement de quoi financer la solidarité nationale et internationale.
De l’argent additionnel peut également être trouvé : une taxe sur les transactions financières peut s’ajouter à l’argent
promis pour financer l’accès universel
aux traitements dans le monde ; une taxe sur les bénéfices de l’industrie pharmaceutique pourrait financer la recherche
et les associations.
Bref, toutE candidatE qui opposerait à
nos revendications la complainte de la dette ne serait pas crédible et devrait répondre à cette question : « combien coûtent nos vies ? ».
La sécurité de qui ?
L’argument sécuritaire est régulièrement opposé à nos demandes. Il faudrait
contrôler l’immigration, réprimer l’usage de drogues, pénaliser les prostituéEs,
au nom de la sécurité.
Là encore, l’argument n’est pas crédible. C’est la clandestinité dans laquelle sont tenues les drogues qui créent et favorisent les pratiques mafieuses. De plus, la sécurité devrait être un bien commun. Or, en réprimant les sans-papiers, les usagErEs de drogues et les travailleurSEs du sexe, on entretient un état d’insécurité
permanent pour toutes ces personnes.
Les chiffres du sida n’en sont qu’un exemple des plus terribles.
Quand nos interlocuteurs nous objectent l’insécurité, ils n’ont donc en tête que
la répression. Nous savons bien que
la logique de droits et de santé qui dictent nos revendications garantit la sécurité réelle de touTEs, sans opposer les populations les unes aux autres.
La science à sa place
La lutte contre le sida a toujours dû s’opposer à l’obscurantisme pour combattre les préjugés qui pèsent sur les séropos.
Ce combat n’a rien perdu de son actualité, tant l’obscurantisme est soutenu dans les plus hautes sphères du pouvoir.
C’est le premier ministre et le responsable de la MILDT qui nous disent que les salles de consommation à moindre risque pour usagErEs de drogues ne sont ni utiles, ni souhaitables – contre tous les avis de la communauté scientifique internationale. Ce sont ces parlementaires de gauche
et de droite qui ignorent les recommandations d’expertEs de la lutte contre le sida en matière de travail du sexe et s’accordent pour pénaliser les clients. Ce sont ces députéEs de la droite extrême qui entendent imposer leur vision sexiste, homophobe et transphobe jusque dans les
programmes scolaires et remettent en cause tout ce que le concept de genre socialement construit a apporté aux sciences sociales. C’est la secrétaire d’Etat à la santé qui défend un ticket
d’entrée payant pour l’accès à la santé
des sans-papiErEs, mesure dont il est scientifiquement prouvé qu’elle est contre-productive tant économiquement qu’en termes de santé publique.
Les candidatEs de 2012 doivent donc
s’engager à mettre la science à sa place.
Il ne s’agit pas de faire en sorte que les chercheurSEs dictent toutes les décisions qui ont trait à la lutte contre le sida.
Il s’agit de faire en sorte que ces décisions soient prises sans fouler du pied les preuves scientifiques les plus patentes. Pour cela, il est nécessaire de favoriser un dialogue d’égal à égal entre les scientifiques, les expertEs de terrain, notamment les séropos et les responsables politiques.