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Act Up-Paris cherche à rendre publics les enjeux sanitaires qui touchent la communauté Trans depuis plusieurs années. Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié le 22 novembre 2011 a apporté les premières données d’une enquête réalisée de juillet à octobre 2010 par l’INSERM : “Caractéristiques socio­démographiques, identifications de genre, parcours de transition médicopsychologiques et VIH/sida dans la population trans”. Ces données, basées sur le recueil de 381 questionnaires (dont 25,2 % remplis par des females-to-males/FtM), confirment nos inquiétudes : une prévalence au VIH/sida chez les males-to-females (MtF) qui est globalement 30 fois supérieure à celle de la population générale, allant jusqu’à un taux de 36 % de séropositives dans un sous-groupe particulièrement discriminé. L’absence de déclaration de séropositivité au VIH/sida chez les FtM ne permet pas de conclure que la prévalence parmi eux serait égale à celle de la population générale en raison du faible effectif de répondants (n=94) [[Sur la base de cet effectif, la déclaration d’un seul cas de séropositivité aurait correspondu à un taux 5 fois supérieur à celui de la population générale]].

Act Up-Paris demande depuis des années la mise en place d’une cohorte pour suivre dans le temps les interactions entre prise d’hormones et antirétroviraux (ARV). Nous sommes de moins en moins isolés ; le dernier rapport d’experts sur la prise en charge du VIH prend en effet position :

« Chez les personnes transgenres infectées par le VIH, il existe un risque d’interactions entre les traitements hormonaux géné­ralement surdosés et les médicaments liés au VIH, notamment par cumul des effets métaboliques délétères (insulino-résistance, diabète sucré et hyperlipidémies mixtes). L’existence d’anomalies du bilan glucido-lipidique et/ou hépatique doit faire réaliser des dosages hormonaux et des ARVs. L’objectif est alors d’obtenir une concentration d’œstradiol plasmatique entre 60 et 80 pg/mL. La voie transcutanée, prescrite par un endocrinologue habilité, est à privilégier parce qu’elle permet l’obtention de concentrations plus stables. Il y a peu de données concernant les interactions entre les différents antirétroviraux et les hormones féminisantes, qui justifieraient des études cliniques spécifiques. (…) Ainsi les personnes transgenres infectées par le VIH doivent être prises en charge de manière pluri­­disciplinaire, au moins par un endocrinologue et un spécialiste du VIH. Pour les transgenres MtF, réassignés ou non, un suivi urologique pour une surveillance prostatique et un suivi proctologique pour le dépistage des cancers du canal anal sont également indispensables. Les FtM doivent aussi bénéficier d’un suivi gynécologique annuel. (…) Des cohortes «Trans-VIH/IST» et la sensibilisation du personnel médical et paramédical aux spécificités de cette population sont donc à mettre en place. »

Le plan national de lutte contre le VIH et les IST 2010-2014 prévoyait, courant 2011, une « saisine de l’AFSSAPS sur la question des interactions entre les traitements des PVVIH Trans et les traitements hormonosubstitutifs et des effets indésirables possibles des deux types de traitements » ; cette saisine n’a pas eu lieu…

Mais, à propos, où sont les médecins prêts à mener des études sur les interactions ARV-hormones ? Et qui financera leurs études ?