Nos organisations s’inquiètent de l’avenir de l’Hôtel-Dieu (Assistance Publique Hôpitaux de Paris). Dans les jours qui viennent, des décisions risquent de menacer gravement la prise en charge sanitaire des ParisienNEs, notamment de personnes vivant avec le VIH.
L’AP-HP entend en effet établir des bureaux, un musée et des activités diverses en fermant des services de soins, et notamment les urgences et leur plateau technique.
Les politiques doivent assumer leurs responsabilités. Marisol Touraine a l’occasion de prouver que son plan pour l’hôpital public n’est pas qu’une opération de communication. Les éluEs locauxLLEs ont l’occasion de prouver leur soutien aux usagErEs de l’hôpital public ainsi qu’aux soignantEs qui doivent être associés aux décisions.
Menaces sur des services de qualité
La directrice de l’AP-HP, Mireille Faugère, a fait du démantèlement de l’Hôtel-Dieu son « projet phare ». Sous couvert d’un enrobage d’Hôpital Universitaire de Santé Publique, il consiste à évacuer les services médicaux vers d’autres hôpitaux ou cliniques privées pour installer à la place l’administration et la direction de l’AP-HP.
Les urgences de l’Hôtel-Dieu accueillent pourtant plus de 110 000 patientEs par an. L’accessibilité et l’identité de l’Hôtel-Dieu font de cet hôpital largement rénové et moderne un pilier historique de l’égal accès aux soins pour touTEs. Il voit le plus d’accidents d’exposition au VIH de France, avec une prise en charge systématisée intégrée à son service d’urgence 24H/24. Sa position stratégique dans Paris et ses services performants en font une structure de santé de proximité et d’urgence primordiale à préserver.
Parallèlement, s’est développé un service de consultations ambulatoires pour le VIH, dont la pertinence et la qualité sont liées à la coordination avec les services d’urgence et ceux d’examens indispensables (radiologie, biologie,…). Or, les urgences sont menacées, et les examens ont déjà en grande partie été transférés, sans concertation avec les associations de malades. Tout transfert supplémentaire serait une menace pour la pérennité des soins.
Enfin, les urgences médico-judiciaires (UMJ) sont les seules de l’AP-HP à Paris intra-muros et prennent en charge les victimes et les patientEs en garde-à-vue. Ce service nécessite un environnement hospitalier performant comme c’est le cas aujourd’hui.
Pour tenter de faire admettre sa disparition au Préfet de Police et au Procureur de la République, une réunion aura lieu très prochainement, à huis clos, réunissant entre autres la directrice générale de l’AP-HP, avec pour caution médicale le Pr Jean-Louis Pourriat.
Supprimer ces activités de soins, d’urgence et les lits d’hospitalisation à l’Hôtel-Dieu revient à réduire un peu plus l’offre de soins publique. Cela serait dramatique dans un contexte francilien de saturation extrêmement inquiétant des hôpitaux.
Un calendrier serré
Ce mardi 11 septembre 2012, se réunit à nouveau la CME (Commission Médicale d’Etablissement) de l’AP-HP à qui sera présenté le projet de transformation de l’établissement. Son avis est consultatif.
La décision concernant l’avenir des urgences de l’Hôtel-Dieu doit être prise lors du directoire du 18 septembre et sera présentée à la CME du 9 octobre.
Une parodie de démocratie sanitaire
La politique menée par Mireille Faugère et Claude Evin, directeur de l’Agence Régionale de Santé, est dénuée de toute considération de santé publique. Sous le prétexte des priorités budgétaires, et sans consultation réelle des malades, des usagErEs et des professionnelLEs, le démantèlement de l’Hôtel-Dieu se concrétise.
Or, les priorités budgétaires ne sont qu’un prétexte :
– D’une part, l’Hôtel-Dieu n’est pas déficitaire.
– D’autre part, la réhabilitation des locaux pour y accueillir des bureaux coûterait plusieurs dizaines voire centaines de millions d’euros à l’Assistance Publique.
– Enfin, le transfert des activités comme l’ophtalmologie nécessiterait des constructions coûteuses sur l’hôpital Cochin (construction d’un bâtiment ex nihilo).
Le démantèlement de l’Hôtel-Dieu est mené sans aucune transparence, contre tout principe de démocratie sanitaire, et dans une précipitation dangereuse et compromettante pour le personnel soignant et leurs patientEs. Un projet alternatif est porté par le personnel soignant et des associations de patients. Ce projet réaliste, optimise l’existant et garantit un égal accès aux soins en plein coeur de Paris.
Conformément aux engagements de la ministre, les responsables politiques doivent mettre un terme à ce démantèlement et à la réduction de l’offre de soins. Mireille Faugère et Claude Évin doivent être rappelés à l’ordre : les réformes administratives ne peuvent se faire sur le dos des usagErEs de l’hôpital public, du personnel et de la santé publique.
Malheureusement, Marisol Touraine a déjà reporté un premier rendez-vous qu’elle avait avec l’Union Syndicale CGT de l’AP-HP.
Vu l’urgence du dossier, ce recul n’est pas tolérable et peut s’interpréter comme un refus de s’investir. La ministre ne peut pas en même temps annoncer pour 2013 un plan de défense de l’hôpital public et un pacte de confiance, et ne pas soutenir un projet de défense de l’hôpital Hôtel-Dieu, garantissant un parcours de soins pour les usagers, à des tarifs de secteur 1 et en coordination avec la ville.
Nous exigeons :
– que la réunion du Directoire du 18 septembre 2012 soit publique ;
– un moratoire sur les suppressions et transferts de services, dont la suppression à la rentrée de 14 lits (30%) de médecine interne assurant l’aval des urgences.
– que toutes les discussions publiques sur le sujet prennent en compte le projet alternatif porté par les organisations de patientEs et le personnel ;
– que Marisol Touraine, ministre de la santé, reçoive dès aujourd’hui les organisations de patientEs et le personnel d l’Hôtel-Dieu et qu’elle se prononce publiquement sur le maintien d’un service d’urgences et un environnement hospitalier fonctionnel à l’Hôtel-Dieu.
– que Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo, Jean-Marie Le Guen, Christophe Girard, éluEs concernéEs, se prononcent et prennent des mesures immédiates afin de maintenir un service d’urgences et un environnement hospitalier fonctionnel à l’Hôtel-Dieu.