Il y a 20 ans, le 18 octobre 1994, Cleews Vellay disparaissait, des suites d’un sida, à l’âge de 30 ans.
Folle assumée, investi à Act Up-Paris dès sa création, il en fût présidente de 1992 à 1994.
Personne n’a oublié combien, en tant que responsable du Groupe d’Action Publique, il faisait face avec hargne à l’immobilisme des pouvoirs publics, administrations, corps médical et laboratoires,
Calmement, les bras croisés dans les allées de la salle de réunion des Beaux Arts, Cleews avait à cœur de n’oublier personne, dans son combat contre le sida, il s’engagea aux côtés de minorités oubliées, ignorées, que la maladie frappait de plein fouet : femmes, prisonnierEs, usagerEs de drogueS, étrangerEs.
Cleews savait qu’il allait mourir, et avait pensé son enterrement comme politique. Lors d’actions publiques, ses cendres furent jetées sur des assureurs excluant les personnes séropositives, et sur un laboratoire voulant restreindre la distribution d’un antirétroviral.
En 1994, Cleews a obtenu l’Allocation Adulte HandicapéE qu’il réclamait depuis de longs mois : elle lui a été accordée quelques semaines après sa mort. Aujourd’hui, les délais d’obtention sont toujours dramatiquement longs, en complète violation des dispositions légales, condamnant une large partie des PVVIH à une précarité grandissante,
A peine plus de 800€ / mois, c’est le montant de l’AAH, mais aussi de l’ASPA (ex-minimum vieillesse) qui ne permet plus aux malades ne serait-ce que de se loger dans une ville comme Paris.
Avec le vieillissement en plus du virus du sida les comorbidités dont nous sommes atteintEs réduisent notre espérance de vie, aussi sûrement que l’augmentation des forfaits de l’assurance maladie ou le gel des prestations sociales,
Ce triste anniversaire ravive encore notre colère.Le hasard veut qu’il coïncide avec l’Existrans , la marche des trans et intersexes, toujours sur-exposéEs aux contaminations VIH et IST en grande partie du fait des politiques publiques.
En 2014, 30 ans après la mort de Cleews Vellay, l’accès aux soins, au dépistage, à la prévention, aux droits, reste loin d’être acquis pour les prisonnierEs, les usagerEs de drogueS, les putes, les étrangerEs, populations exposées à une constante répression complice de l’épidémie.
Nous refusons de croire que Cleews Vellay est mortE pour rien.
Son combat n’est pas fini. Nous le poursuivons.