Voilà à présent deux ans, l’Assemblée Nationale votait la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Levant une discrimination dans les possibilités d’union, cette loi représentait de fait une avancée pour les luttes LGBT et la lutte contre le sida. Mais une avancée n’est ni la fin ni l’assurance de ne pas reculer.
Depuis lors, nous faisons un surplace qui pourrait bien devenir d’ici quelques années un recul généralisé : c’est le moonwalk des LGBT !
- L’ouverture de la PMA à toutes les femmes est reléguée aux calendes grecques, et soumise aux avis d’un comité d’éthique qui ne s’est jamais illustré par des positions progressistes ;
- Le changement d’état-civil pour les personnes trans reste soumis à l’arbitraire de la justice, continue à dépendre de modifications physiques auxquelles touTEs ne souhaitent ou ne peuvent pas accéder, alors même que cet état-civil discordant relègue nombre de personnes trans dans la précarité économique, les expose aux violences et aux discriminations et les fragilise vis-à-vis de l’épidémie ;
- Les débats incessants auxquels nous a soumis le gouvernement socialiste ont été l’occasion de réveiller et de raviver des mouvements réactionnaires de grande ampleur, animés par la haine des pédés, des gouines, des biEs, des trans, au nom de la défense de la nation et de la domination masculine ;
- Les violences et discriminations contre les minorités sexuelles et/ou de genre n’ont pas disparu, mais se sont au contraire multipliées au cours des prétendus débats qui nous ont été imposés au cours des dernières années ;
- L’introduction en milieu scolaire des luttes contre les discriminations homophobes, lesbophobes et transphobes, l’éducation à la santé et à la sexualité, la mention même la plus dérisoire des féminismes fait l’objet d’offensives réactionnaires devant lesquelles le gouvernement socialiste recule ;
- Et pour finir, nous ne pouvons que redouter 2017, que cette année voie la victoire de plus en plus improbable d’un parti socialiste qui s’est constamment illustré par des politiques sécuritaires et des mesures d’austérité dignes de la droite la plus dure, celle d’une droite qui a largement participé aux offensives réactionnaires dont nous pâtissons, ou celle d’une extrême-droite nationaliste qui hait les minorités sexuelles et/ou de genre et les malades.
Notre état n’est pas brillant, et notre avenir encore moins. Nous continuons à faire face à des violences et des discriminations qui n’ont jamais disparu, et à une épidémie qui n’en finit pas et découle de ces mêmes violences et discriminations. Nous ne pouvons pas oublier qu’au-delà même du cadre légal de la lutte contre les discriminations et violences que nous subissons, notre communauté rassemble nombre de malades, de précaires, d’étrangEREs : nous n’avons individuellement ou collectivement rien à gagner ni à la droitisation généralisée, ni à l’inaction.
Il nous faut donc nous regarder pour ce que nous sommes : une minorité dont le statut dépend d’un rapport de force politique. A nous donc de nous organiser collectivement, contre les violences et discriminations, contre l’épidémie : l’un ne va pas sans l’autre !