Act Up-Paris sera présente ce samedi à l’Existrans, la marche des trans et intersexes et de celles et ceux qui les soutiennent.
Les femmes trans représentent en France un des groupes sociaux les plus vulnérables face à l’épidémie de VIH/sida. La prévalence parmi elles équivaut à plusieurs dizaines de fois celle de la population générale, et s’élève à plus d’un tiers pour celles qui sont nées à l’étranger et ont exercé le travail du sexe. Les autres IST, elles aussi, se répandent. Sur une file active de personnes trans traitées pour le VIH, ce sont ici 31 %, là-bas 51 % d’entre elles qui doivent en plus faire face à la syphilis. Une syphilis, une hépatite, une gonorrhée multi-résistante sur un sida sont autant de difficultés supplémentaires dans le parcours de soin. Difficultés que seul le préservatif permet pour l’instant d’éviter. Et n’oublions pas que les hommes trans pédés et bisexuels, sont menacés comme tous les hommes ayant des relations avec des hommes. Ce sont avant tout les humiliations, stigmatisations, discriminations et violences qui nous visent qui expliquent notre vulnérabilité face à l’épidémie, en réduisant notre capacité à nous protéger. Exclusion du marché du travail, difficultés à trouver un logement, à poursuivre ses études, humiliations quotidiennes, violences récurrentes au sein des institutions médicales : autant d’obstacles qu’il nous faut abattre pour en finir avec une épidémie vieille de 35 ans. Parmi ces obstacles, un relève de la loi, l’état-civil. François Hollande s’était engagé en la matière dés 2006 à la suite d’un zap d’Act Up-Paris. Ses gouvernements successifs ont pourtant reculé continument sur le sujet, pliant devant les mobilisations réactionnaires des intégristes, au mépris de nos vies. Quelques parlementaires de gauche s’essaient parfois au dépôt d’une proposition de loi. Aucune pour l’instant n’a répondu à la nécessité de déjudiciariser et de démédicaliser complètement la procédure de changement d’état-civil. La dernière en date, qui se prétend « démédicalisée et partiellement déjudiciarisée » est d’une rare hypocrisie : affirmer que c’est à nous de choisir si nous souhaitons ou non produire des documents médicaux, c’est faire fi de ce que, toujours soumisES à l’arbitraire d’un procureur ou d’un juge, il nous faudra anticiper ses attentes, même les plus réactionnaires, et continuer à produire de tels documents. Et que dire de la mention, brutale et misogyne, de l’adaptation de nos comportements au sexe revendiqué ? Est-ce à un député de nous dire à quoi ressemble une femme ? Nos inquiétudes ne se limitent pas à l’état civil. Une carte d’identité n’est pas un talisman contre les humiliations, les discriminations et les violences, ni contre le virus. L’avenir est sombre. Des mobilisations politiques explicitement transphobes ont pu se dérouler en bénéficiant de la complaisance du gouvernement, et sans rencontrer de réponse communautaire à la hauteur. La stigmatisation des étrangEREs, et notamment des travailleuses du sexe, s’amplifie, alors même que parmi nous, nombreuses sont celles qui ont migré pour fuir les persécutions ou accéder à des soins nécessaires. Le financement de notre système de santé est remis en cause, quand nos communautés en dépendent largement pour l’accès aux modifications physiques, et que l’épidémie de sida nous concerne toujours autant. Être nombreuxSES à l’Existrans, c’est bien, mais ce n’est pas assez. Nos inquiétudes sont multiples, car les dangers qui nous guettent le sont. C’est contre eux qu’il faut nous organiser, en nous gardant des concurrences intra-communautaires qui nous traversent et nous isolent les unEs des autres. Contre ces dangers, nous devons nous dépasser : contre l’exclusion économique, contre les menaces qui pèsent sur le système de santé public, contre les violences qui nous frappent, contre l’épidémie, nous ne pouvons rester seulEs.