Statistiques de l’InVS : tout va très bien, Madame la Marquise !
Lundi 23 novembre, l’InVS a présenté les statistiques épidémiologiques les plus récentes concernant le VIH et les IST. Le détail des résultats sera discuté dans le prochain numéro de ReactUp. Dire que les premiers constats que nous tirons ne nous apparaissent pas satisfaisants est plus qu’un euphémisme.
- Avec 6600 découvertes d’infection par le VIH environ en 2014, la stabilité de la tendance depuis 2007 se poursuit encore, faute d’inflexion majeure de la politique de lutte contre le VIH.
- Le nombre de découvertes chez les HSH continue même d’augmenter, se situant à environ 2800 : toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus de pédés séropos !
- Les découvertes progressent chez les 18-24 ans, de plus de 150% chez les jeunes gays et bis depuis 2003. Remobiliser cette génération s’impose.
- Le nombre d’IST recensées augmente également. HSH et/ou séropos constituent deux populations nettement concernées, en particulier pour les contaminations par la syphilis. Cette ampleur reflète peut-être pour partie des dépistages plus réguliers, mais cette hypothèse est bien incertaine.
Ces constats marquent l’échec des politiques de prévention actuellement menées.
Pire, nous ne pouvons que nous inquiéter de la stabilité du nombre de dépistages, signe probable de la saturation des dispositifs, notamment en Ile-de-France. Si les TROD semblent remplir leur rôle d’outil ciblé, ils restent marginaux, et ont vocation à rester complémentaires d’une offre de dépistage qui doit donc être renforcée !
La mise en place prochaine des CeGGID (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic), fusion des actuels CDAG (Centres de dépistage anonyme et gratuit) et des CIDDIST (Centres d’information, de dépistage et de diagnostic pour les IST), aux missions renforcées, sans augmenter leurs moyens financiers, est donc contradictoire avec une politique volontariste de renforcement du dépistage qui ne s’est pas encore concrétisée.
Mise à disposition de la PrEP : une avancée isolée
Le même jour, la prise de parole de Marisol Touraine à l’Assemblée nationale sur la PrEP concrétisait le calendrier de sa mise à disposition, et en confirmait la prise en charge à 100% par l’assurance-maladie dès 2016. La prise de Truvada à titre préventif ne constitue un moyen de prévention supplémentaire que pour certains publics, les plus exposés à l’épidémie, pour lesquels la balance bénéfice/risques a été jugée favorable. La PrEP sera mise à disposition à l’hôpital et dans les futurs CeGGID, aux dires de la ministre.
Zéro contamination, c’est pour quand ?
L’ensemble de ces annonces nous laisse donc l’impression bien amère que, faute de volonté et de moyens, tout va trop lentement.
Ne pas s’engager sur la seule ambition concrète défendable, celle d’aboutir aussi vite que possible à zéro contamination, ne pas avoir de vision stratégique et ne pas mettre les moyens qui s’imposent, c’est un calcul douteux qui fait le lit d’une épidémie meurtrière, inégalitaire, qui précarise, fragilise, isole, expose à d’autres infections.
Act Up-Paris exige :
- la gratuité des préservatifs internes et externes, l’amélioration de la qualité du matériel mis à la disposition des associations, et des campagnes massives de promotion des préservatifs comme moyen de prévention contre le VIH et les IST,
- plus de moyens pour le dépistage : plus de centres, ouverts plus souvent, plus longtemps, proposant de véritables check-ups de santé sexuelle,
- plus de moyens pour les hôpitaux et les Ceggid pour la mise en place des consultations PrEP qui leur incomberont dès 2016,
- plus de subventions aux associations réalisant des TROD, et la mise à disposition gratuite de ceux-ci pour les généralistes, autorisés à les réaliser mais contraints à les payer de leur poche,
- la baisse immédiate de la TVA et du prix des autotests,
- un ciblage spécifique des jeunes, notamment par une éducation à la prévention dans les collèges et les lycées qui ne recule pas devant les invectives des réactionnaires.