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A l’occasion des élections régionales, Act Up-Paris a interrogé les candidatEs sur les mesures envisagées pour la lutte contre le sida en Ile-de-France. En effet, la région est la plus touchée par le VIH, et près de la moitié des personnes séropositives en France y vivent. Nous remercions LO, FLUO, le PS et LR de leurs réponses.
Lutte Ouvrière nous a fait parvenir des éléments de réponse plus généraux : nous nous étonnons que les mots qualifiant l’épidémie en soit largement absents, mais nous rejoignons la volonté de lutter contre les politiques d’austérité et de casse du système de santé actuellement menées.
FLUO partage avec nous la vision d’une lutte transversale contre l’épidémie, du nécessaire renforcement de la prévention, de l’accès effectifs aux droits sociaux pour les populations les plus marginalisées, de la lutte contre la précarité et le soutien des actions contrant les discriminations à l’égard des LGBT.
Second tour oblige, nous nous concentrons sur les propositions des candidatEs qualifiéEs au second tour dans le commentaire qui suit.
PS : dérouler le bilan de la mandature précédente ne suffit pas !
Les réponses de la tête de liste socialiste soulignent les principaux enjeux de la responsabilité de la région dans la lutte contre l’épidémie. Plusieurs engagements sont pris : atteindre 100% des jeunEs de la région sensibiliséEs via les actions du CRIPS et des associations intervenant en milieu scolaire et lancer une campagne de lutte contre les discriminations chaque année notamment vont dans le bon sens. L’engagement de soutenir le 190 mérite également d’être salué (1).
Mais, alors que les statistiques soulignent que l’épidémie est toujours aussi présente en Ile-de-France, cette réponse, qui s’appuie sur le bilan des mandatures précédentes, ne nous contente pas. Il est essentiel de changer de niveau : ce que nous attendions, au-delà de pérenniser leurs financements, c’est de donner plus de moyens au CRIPS pour ses actions et à l’ORS pour réaliser des études s’intéressant aux personnes les plus exposées et oubliées ; au-delà de réunir les doléances des associations, c’est d’énoncer des mesures concrètes pour améliorer leurs relations administratives avec la Région ; au-delà d’afficher un soutien au plan Paris sans sida, c’est en détailler les engagements. Articuler intentions et réalisations. L’engagement affirmé de Claude Bartolone, Act Up-Paris en prend acte, et en attend l’inscription concrète dès les premières semaines de son éventuelle mandature.
Pécresse, championne autoproclamée de la lutte contre le sida ?
En défendant le bilan de ses précédentes responsabilités, en faisant état de son engagement en faveur des personnes en situation de handicap, en marquant sa volonté de mettre en place via la région et en lien avec l’ARS une politique de renforcement des TROD, et d’alléger les contraintes administratives représentées par la complexité des dossiers de subvention de la Région, la liste LR s’est prêtée à l’exercice de décliner leur son programme sur divers enjeux de lutte contre le sida sur lesquels Act Up-Paris avait choisi d’interroger les candidats.
En dépit de ces intentions, plusieurs réponses nous paraissent insuffisantes, à l’égard des jeunes, des lycéenNEs notamment. En effet, puisque favorable à l’accès à l’information sur le VIH et les IST et la sexualité dans sa globalité d’un côté, elle ferme de l’autre la porte à l’accès effectif aux préservatifs dans les lycées par l’intermédiaire de distributeurs, moyen plus aisé pour certainEs que se rendre à l’infirmerie scolaire où ces préservatifs sont déjà à disposition, ce que Valérie Pécresse ne semble pas savoir. La candidate refuse ainsi de prendre les responsabilités qui s’imposent pour casser la dynamique des contaminations chez cELLEux-ci. Ni heurter de biens prudes parentEs d’élèves (ceux du parti chrétien-démocrate à n’en pas douter), ni heurter les tout aussi prudes proviseurs (comme si tous les lycées d’Ile-de-France étaient des établissements privés hors contrat), voilà la vision étriquée que l’on en retire. Aucun doute n’est permis, c’est l’irruption de la fameuse/fumeuse lubie de la « théorie du genre » dont Pécresse veut garder ses chèrEs lycéenNEs, touTEs cis, touTEs hétéros, touTEs viergEs, touTEs séronegs bien entendu !
Nous ne sommes pas dupes de la position des « Républicains » (ex-UMP), et de leurs manoeuvres électoralistes. Aux associations de lutte contre le sida, la promesse d’agir pour la prévention… Aux associations de lutte contre les LGBTphobies, celle de les accompagner dans ce combat… A la Manif pour Tous, la promesse de ne pas financer de lobby politique…
Mais, ne déplaise à LR, la lutte contre l’épidémie, contre les discriminations et contre la précarité qui en font le jeu est une lutte politique et non politicienne comme l’est leur grand écart.
A défaut de savoir quelle jambe fléchira en premier, Act Up-Paris prend acte de ce grand écart, et se réserve la possibilité d’agir – de façon politique ! – pour que les promesses prises dans ce questionnaire ne soient pas sacrifiées devant l’autel des réactionnaires, et pour exiger une réponse adaptée à l’ampleur de l’épidémie en Ile-de-France.
Le FN reste un ennemi de la lutte contre le sida
Act Up-Paris n’a pas souhaité interroger les candidats du FN en Ile-de-France. Nous ne connaissons que trop bien (2) la litanie des propos minimisant l’épidémie, stigmatisant les personnes vivant avec le VIH, s’opposant à la prévention, crachant sur le travail d’associations de terrain, que tiennent leurs éluEs locauxLEs, nationauxLEs, européenNEs. Plus largement, nous ne souhaitions pas nous adresser à un parti d’extrême-droite, raciste, sexiste, homophobe et classiste contre lequel nous nous battons et continuerons de le faire.
(1) http://yagg.com/2015/12/09/claude-bartolone-sengage-pour-le-190-centre-de-sante-sexuelle/
(2) https://www.actupparis.org/spip.php?article5443
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