Dans 500 jours, ce sera la fin du mandat du gouvernement Hollande. Pour les trans, la course contre la montre est déclenchée. 500 jours, c’est peu pour faire aboutir un processus législatif qui, s’il n’arrive pas à terme, sera enterré pour au moins une décade.
Pour l’ensemble du mouvement LGBT, le nouveau report de la PMA pour touTEs est une gifle. Mesure homophobe, puisque ce qui est autorisé aux couples hétérosexuels est refusé aux couples homosexuels. Mesure irréaliste : l’homoparentalité est une réalité depuis longtemps. C’est une mesure de classe : les riches iront en Hollande, les pauvres n’auront rien.
On le sait, si le gouvernement tergiverse encore, c’est pour circonvenir les catholiques intégristes de la Manif pour tous, soutenus par le FN. Alors que d’un côté on annonce aux électeurICEs « nous ou le FN », de l’autre, on applique la politique du parti xénophobe !
Quand les lesbiennes sont touchées, les trans tremblent. Si la PMA est reportée à l’infini, que va devenir la loi promise en 2006 à Act Up-Paris par François Hollande, instaurant un changement d’état-civil libre et gratuit pour les trans ? N’arrivera-t-elle jamais dans les chambres ? Les pourparlers commencés avec Najat Vallaud-Belkacem n’ont pas résisté aux outrances insurrectionnelles des « Manif pour tous ». Des propositions de loi ont été brandies, sans suite : de la poudre aux yeux !
Avant les événements qui ont endeuillés la France, le député Erwan Binet a proposé une loi, en ne discutant qu’avec une poignée d’associations proches du PS. Mais toutes les associations trans s’accordent sur la nécessité d’un changement en mairie devant un officier d’état-civil, par un processus déclaratif, libre et gratuit. Des affaires tragiques comme le suicide de Karima Sidiki nous on fait comprendre qu’on ne peut pas confier notre identité à la décision subjective d’un juge. De plus, nous nous interrogeons sur l’absence complète dans la proposition de loi de mesures prenant en compte la situation des trans migrantEs, menacées d’expulsion quand, des ex-UMP au FN, des voix hurlent pour l’expulsion des étrangèrEs.
La croisade contre la « théorie du genre » de la Manif pour tous affole le gouvernement, et joue contre nous. Pourtant, ce pur fantasme n’existe que dans la bouche de ses détracteurs, et leur sert à promouvoir des discours passéistes (le vote des femmes, était-ce de la « théorie du genre » ?).
La transidentité n’a que peu à voir avec la question du genre. C’est une question sociale. C’est la question d’une population dont l’espérance de vie est bien inférieure au reste de la population, précaire, souvent peu formée et si peu présente dans les universités, massivement exposée au chômage, au suicide, aux violences, à l’épidémie de sida. Une population pour qui cette loi est une étape nécessaire pour lutter contre les discriminations dont elle est l’objet.
Si les catholiques veulent avoir une idée du sort des trans et savoir à quel point cette loi est indispensable pour les sortir de la précarité, qu’ils aillent interroger leurs associations caritatives que nous sommes contraintEs de fréquenter. Ils comprendront.
À Act Up-Paris nous savons que demander à ce gouvernement de tenir ses promesses c’est demander l’impossible. Mais quand une des communautés françaises les plus victimes de violences et de discriminations est sur le point de voir s’envoler son espoir, Act Up-Paris se souvient n’avoir jamais cesser de croire en l’impossible.
Nous en appelons à l’honneur :
- de Pascale Crozon, Erwann Binet, Michèle Delaunay, Catherine Lemorton pour ne pas se contenter du dépôt de cette proposition,
- de Bruno Le Roux, Laurence Dumont, Sandrine Mazetier, David Habib qui, siégeant à la conférence des Présidents de l’Assemblée nationale, ont la charge concrète d’inscrire cette proposition à l’ordre du jour de l’assemblée,
- de Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois pour permettre l’étude de cette proposition, une fois mise à l’ordre du jour de l’assemblée, dans les plus brefs délais.