Hier, 11 janvier, François Fillon a déclaré que s’il était élu président, l’Aide médicale d’Etat (AME), le dispositif d’accès aux soins des personnes étrangères en situation irrégulière, serait supprimée et remplacée par la seule prise en charge des urgences médicales et des maladies infectieuses.
« Le seul objectif de cette annonce est de relancer un début de campagne ratée, marquée par des annonces impopulaires et injustes sur la Sécurité Sociale, en tapant sur les sans-papiers. Celui qui affirmait le 3 janvier qu’il « ne prendrait jamais une décision qui sera contraire au respect de la dignité humaine, au respect de la personne, de la solidarité » a semble-t-il déjà oublié ces belles paroles», souligne Aurélien Beaucamp, Président de AIDES. 300 000 personnes qui vivent et travaillent en France seraient concernées. Cette mesure serait une aberration de santé publique. Elle empêcherait l’accès à la prévention et au suivi médical pour une population déjà précaire, l’AME étant réservée aux personnes ayant moins de 721 euros pour vivre. Elle contribuerait à engorger des services d’urgences déjà sous tension. Elle serait couteuse pour les finances publiques : les prises en charge tardives, alors que les pathologies sont plus avancées et plus lourdes à traiter, vont se multiplier. Actuellement les dépenses de l’AME ne représentent que 0,45% de l’ensemble des dépenses de soins en France[[159,2 milliards de prestations versées par la branche maladie de la sécurité sociale (source : CNAMTS)/ 678 millions d’euros sont destinés au financement de l’AME (source : ministère de la santé). (2015)]]. François Fillon évoque une prise en charge des maladies infectieuses. Pour le VIH, l’ensemble des recommandations prescrit une mise sous traitement précoce pour ramener la charge virale à un niveau indétectable, améliorer la qualité de vie des personnes et empêcher de nouvelles contaminations. Comment une telle prise en charge serait possible si les personnes n’ont pas accès au dépistage ? Seront-elles condamnées pour être soignées à ce que la maladie se déclare et ne les amène dans la salle d’attente des urgences ? Il est pour nous intolérable que la santé des étrangers malades, et par conséquent celle de l’ensemble de la population française, serve d’argument de campagne à des candidats disposés à flatter les penchants les plus réactionnaires de l’électorat.