Avec la sortie du film 120 battements par minute, ce mercredi 23 août, la lutte contre le sida est mise à l’honneur, à travers un regard porté sur une partie de l’histoire d’Act Up-Paris. Nourri, sinon par la chronologie, des débats, des enjeux, de l’esthétique de l’association, il est inspiré, scénarisé, réalisé, et produit par des militantEs d’alors. Le film a recueilli de nombreuses distinctions qui sont autant d’armes pour faire parler de cette histoire, des victoires acquises de haute lutte, du chemin parcouru par la lutte contre le sida depuis les années 1990, mais aussi des urgences qui restent à affronter, qui sont nombreuses, et de taille.
à voir : « 120 battements par minute, Act Up-Paris se bat encore », un clip sur l’association aujourd’hui
Act Up-Paris est au regret de rappeler que l’épidémie perdure, à des niveaux qui n’ont rien de commun avec l’indifférence dans laquelle les contaminations, les dégradations de la santé et de la situation sociale des séropositifVEs, les discriminations qui les alimentent continuent d’avoir lieu. Sida, ce n’est pas que du cinéma !
« Sida, ce n’est pas que du cinéma ! », avec, en France, 6000 contaminations par le VIH chaque année, 9 sur 10 d’entre elles chez des pédés, des bis, et/ou des personnes originaires d’Afrique subsaharienne, et des campagnes de prévention, et des moyens alloués aux centres de dépistage qui sont notoirement insuffisants.
« Sida, ce n’est pas que du cinéma ! », avec, en France, 1 séropo sur 5 qui rapporte des privations alimentaires, 1 sur 4 tributaire d’un minima social (enquête Vespa 2, 2011), et, renforçant la précarité, des problèmes de logement, d’accès aux allocations (allocation adulte handicapé notamment) nombreux, contre lesquels se mobilise la Permanence Droits sociaux d’Act Up-Paris[[Chaque semaine, la Permanence d’Act Up-Paris reçoit gratuitement et sans rendez-vous des séropositifVEs pour les accompagner dans leurs démarches, dans une perspective d’empowerment. Sa fréquentation est hélas loin de baisser.]].
« Sida, ce n’est pas que du cinéma ! », en particulier pour les plus marginaliséEs, cELLEux pour qui l’accès à la prévention, au dépistage, aux soins, aux droits est le plus difficile. 1 séropo sur 3 incarcéréE est au stade sida (enquête Prevacar, 2010). Les données épidémiologiques sur les personnes trans et travailleurs du sexe sont parcellaires, mais, dès avant l’inique pénalisation des clients, à laquelle toutes les associations, et des instances comme le CNS (Conseil national du sida) ou l’IGAS (Inspection générale des Affaires sociales) se sont opposées, il était estimé que la prévalence du VIH pouvait avoisiner 30% chez les femmes trans migrantEs ayant exercé le travail du sexe.
« Sida, ce n’est pas que du cinéma ! » à l’international, avec 1 million de mortEs par an, à peine 1 personne sur 2 sous traitement, et de réels problèmes en cas de résistances et d’inefficacité des traitements de première ligne, faute d’accès aux mesures de la charge virale qui permettent de déceler ces problèmes, et aux traitements qui peuvent être envisagés en substitution (dits de « seconde ligne »).
« Sida, ce n’est pas que du cinéma ! », sauf peut-être pour Emmanuel Macron qui s’est contenté d’essayer d’inviter l’équipe du film, plutôt que de venir à la conférence internationale sur le sida[[https://www.actupparis.org/spip.php?article5644]], et dont nous attendons toujours les annonces promises comme une tentative de rattraper cette trahison inaugurale.