Les populations LGBTI, en particulier les jeunes, sont 4 fois plus touchées par le suicide que le reste de la population[[Adam (2001) « Dépression, tentatives de suicide et prise de risque parmi les lecteurs de la presse gay française. », cité par http://inpes.santepubliquefrance.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1291.pdf]]. Et les personnes trans figurent parmi les premières victimes, puisqu’un sur 3 a déjà fait une tentative de suicide [[Source : enquête HES, citée par http://www.slate.fr/story/95615/les-enfants-trans]]
Ces chiffres impressionnants ont pourtant une explication simple : les discriminations qui perdurent. Des regards de travers au coin de la rue, aux visages tuméfiés de nos amiEs, en passant par les moqueries des camarades de classe, l’incompréhension de nos proches et les insultes des collègues, tout cela contribue au sentiment d’exclusion et à renforcer la solitude, physique et morale. Exclusion qui est renforcée d’un côté par l’invisibilité quotidienne de la diversité LGBTI, et de l’autre par les discours haineux diffusés dans les médias. L’isolement et la précarité qui s’ensuivent peuvent mener à la dépression et au suicide. Aussi bien les agressions physiques et verbales que la somme de tous les mots entendus, peuvent avoir des conséquences désastreuses. Oui, aujourd’hui encore, les discriminations tuent. Oui, les LGBTIphobies tuent. Oui, les mots peuvent tuer. Car mot après maux, le verre se remplit, et la goutte qui déborde a la couleur du sang.
La famille, et les pressions sociales qu’elle exerce, est le premier facteur d’exclusion sociale. Quand on appartient à la communauté LGBTI, la famille traditionnelle et hétéronormée, loin de nous offrir un cadre d’amour et de bienveillance, nous empêche de nous épanouir, de vivre.
Ces mécanismes, ce sont exactement les mêmes que ceux qui peuvent mener unE jeune dans une sexualité non maîtrisée, en réaction à un environnement déstabilisateur. N’ayant pleinement conscience des risques potentiels auxquels certaines pratiques sexuelles l’exposent, c’est la porte ouverte aux contaminations au VIH et autres IST. Et devenir séropositif, c’est aussi découvrir la sérophobie, une exclusion supplémentaire. Le taux de suicide chez les séropos est deux fois celui du reste de la population[[Gay News Europe, Les hommes séropositifs sont deux fois plus susceptibles de se suicider, le 12/04/2017 http://gaynewseurope.com/fr/2017/04/12/les-hommes-seropositifs-sont-deux-fois-plus-susceptibles-de-se-suicider/]]. Quant à ceux qui y ont pensé voire qui en ont parlé, les chiffres sont nettement supérieurs.
L’Etat a bien sûr sa part de responsabilité dans ce massacre. En faisant passer les profits des grands actionnaires avant nos vies, ce gouvernement, comme tous ceux qui l’ont précédé, ont notre sang sur les mains. L’Etat passe son temps à nous faire la guerre, en accroissant les inégalités et la précarité à laquelle il espère toutEs nous condamner. Que ce soit le recul des retraites, le gel des salaires et des allocations, ou la casse du code du travail, l’Etat nous fait bien comprendre que nous, pédés, biEs, gouines, trans, intersexes, putes, prisonnièrEs, précaires, ouvrierEs, étrangerEs, nous n’avons jamais été sa priorité. L’Etat essaye de faire disparaître la conscience collective au profit d’une société de plus en plus individualiste et concurrentielle. A cela nous devons répondre en nous organisant et en répétant sans cesse que nous ne laisserons pas faire. Nous ne laisserons pas la haine nous diviser. Nous ne nous résignerons jamais.
Ne restez plus seulEs. La vie associative aide à s’accepter et se construire, à déconstruire les murs et préjugés pour reconstruire son identité. C’est aussi le chemin pour bâtir de nouveau une expression collective de nos révoltes individuelles. S’engager peut devenir notre remède, celui qui nous donne l’envie chaque jour de résister pour continuer le combat. Car contre cette société, on se battra. On la changera.