Nos corps / leurs discours
Il ferait presque bon être employé par l'Administration Pénitentiaire : dans des locaux bien placés - à deux pas des bars du Marais - et discrets - rien n'indique sur ce bâtiment anonyme que c'est d'ici que sont contrôlées la totalité des prisons françaises. On y travaille à son rythme, sans trop de contraintes. Mais selon Martine Viallet, Directrice de l'Administration Pénitentiaire, on y travaille pourtant : sur les alternatives à l'incarcération pour les petites peines, sur l'axe « continuité des soins », sur le renforcement de la formation des médecins des UCSA - les Unités de Consultation et de Soins Ambulatoires, qui ont remplacé les infirmeries dans les établissements carcéraux. Martine Viallet se dit même favorable aux minima sociaux, tant pour des raisons « humaines » (comprendre, dans un élan lyrique, la dignité des détenus) que purement « cyniques » - les aides aux démunis assumées par l'Administration Pénitentiaire seraient ainsi remplacées par des prestations sociales financées par les Affaires Sociales. Elle reconnaît que « la prison est un lieu de promiscuité où il existe des rapports de force ». Martine Viallet est vraiment une bonne copine. Pour les détenus, elle fait de son mieux. Elle est, pourtant, incapable de nous fournir le moindre calendrier d'exécution de ces réformes. Serions-nous trop pressés ?