70 millions d’années après
Loi du 31 décembre 1970 : 30 ans de trop
Loi du 31 décembre 1970 : 30 ans de trop
Il suffit de parcourir la presse pour le voir : en Europe au moins, le tout répressif a fait long feu en matière de drogues. Si les Américains découvrent à peine le principe de l'injonction thérapeutique (le 7 novembre dernier, les Californiens approuvaient par référendum une proposition obligeant à traiter médicalement les personnes “ coupables de consommation ou de possession de drogue ”, plutôt que les envoyer en prison), les Hollandais et les Suisses connaissent déjà des formes d'expérimentation de la légalisation. De fait, les Pays-Bas n'autorisent pas seulement l'usage du cannabis, ils tolèrent et encadrent aussi sa distribution au détail - même si la dépénalisation de fait du commerce de gros n'est pas encore exactement acquise. La Suisse de son côté s'apprête à entériner légalement des pratiques de consommation et de production de cannabis largement répandues (elle est le 1er producteur de chanvre en Europe, avec 200 tonnes par an vendues dans près de 200 boutiques) ; la dépénalisation du cannabis devrait y être votée au printemps 2001, et le gouvernement fédéral envisage ensuite de s'attaquer à celle de la consommation des drogues dites “ dures ”.
Le 17 juillet dernier, un juge d'instruction du tribunal de grande instance de Pontoise perquisitionnait un programme méthadone de Sarcelles, le centre Rivages, et saississait les dossiers médicaux de ses usagers, dans le cadre d'une enquête pour trafic de stupéfiant. Stupeur : un juge se permet de transgresser l'esprit de la loi de 1970, censée pourtant protéger des poursuites pénales les usagers qui choississent de suivre un traitement. Mais pire stupeur encore, à lire les journaux : eh bien oui, apprend-on, les juges sont habilités à saisir tout dossier médical, dès lors qu'ils enquêtent sur " un trafic de stupéfiants ". Autant dire - puisque dès lors qu'on est usager de drogues, on devient potentioellement trafiquant - qu'aucun dossier d'usager n'est à l'abri d'investigation judiciaires, ni dans un centre méthadone, ni nulle part ailleurs. Le texte qui suit a reçu le soutien des associations ASUD, le Tipi, Techno + et de l'Observatoire des Droits des Usagers. Publié dans Libération du 14 août, et diffusé par fax dans de nombreux centres méthadone, il a sucité plus d'une réaction de soutien. Aucun signe de vie en revanche, du côté des autorités sanitaires. Fin septembre, le centre Rivages n'avait toujours aucune nouvelle du secrétariat à la Santé, qui s'était pourtant engagé à recevoir son comité de soutien avant octobre. Affaire à suivre, évidemment.
En avril 2000, sur l'île de Jersey, la 11ème conférence internationale sur la réduction des risques liés à l'usage de drogues n'a cessé de tourner en rond - autour de l'obstacle de la prohibition.
In April 2000, on the island of Jersey, the 11th international conference on the reduction of risks from drug use never stopped turning in circles around the obstacle of prohibition.
Un médecin généraliste de Nemours a été placée sous contrôle judiciaire par un juge d'instruction de Fontainebleau pour " facilitation de l'usage de produits stupéfiants (Subutex®) ".
Act Up-Paris exige le respect du principe de continuité des soins de l'extérieur à l'intérieur de la prison. Act Up-Paris aidera les détenus à saisir l'IGAS des entraves mises à leurs traitements.
Le 7 juin 1998, des usagers de drogues pour la première fois s'affichaient dans la rue. Trois mille personnes défilaient pour l'abrogation de la loi de 1970, qui réprime la consommation de substances « illicites ». Le 5 juin 1999, la seconde « Toxpride » défilait à Marseille à l'appel du « Collectif Grand-Sud », antenne régionale du Collectif parisien pour l'abrogation de cette loi.
Depuis 30 ans, les usagers de drogues sont infantilisés, psychiatrisés, incarcérés, réduits au silence La loi de 1970 " de lutte contre les drogues et la toxicomanie " comporte des articles d'exception, dont l'article L.630, qui interdit toute expression se démarquant de l'idéologie d'Etat sur les drogues.
Act Up-Paris demande la révision du procès de Philippe Mangeot