ce que Act Up demande à Lionel Jospin
A la suite d'une rencontre organisée le 12 mars dernier entre les associations de lutte contre le sida et Lionel Jospin, Act Up-Paris a transmis au premier ministre-candidat ses demandes d'engagements.
A la suite d'une rencontre organisée le 12 mars dernier entre les associations de lutte contre le sida et Lionel Jospin, Act Up-Paris a transmis au premier ministre-candidat ses demandes d'engagements.
L'éducation sexuelle à l'école est un sujet qui déchaîne parfois les passions. Depuis bientôt vingt ans, les rapports s'entassent sur les bureaux des ministres de la santé et de l'éducation nationale, les universitaires écrivent des sommes, les associations se mobilisent et courent le terrain, les parents se sentent concernés et les élèves en font une priorité. Pourtant, rien n'avance ou presque…
Le lobby catholique a gagné : à la fin du mois d'août, le Conseil d'Etat a décidé d'interdire les deux pauvres heures de prévention scolaire péniblement arrachées en 1996. La balle est désormais dans le camps de Ségolène Royal. Au vu de ses décisions passées et des tendances actuelles en matière de prévention, il y a de quoi être pessimiste.
Sous la pression de la confédération nationale des associations familiales catholiques, le Conseil d'Etat (Conseil d'Etat du 29 juillet, Confédération nationale des associations familiales catholiques n°180803) vient d'annuler l'obligation pour les collèges d'inscrire 2 heures d'enseignement obligatoires d'éducation à la sexualité et à la prévention du sida.
Act Up a finalement rencontré le ministre de l'Education nationale,François Bayrou, autant dire tout de suite que nous n'attendions pas grand chose de cette entrevue et que nous avions raison. Pour nous mettre en bouche, nous avons été reçus d'abord par Laurence Deroux, chef adjointe du cabinet, qui avait été pour l'occasion propulsée spécialiste de la question. Pour la sensibiliser un peu à ce problème qui n'a guère l'air de l'émouvoir nous lui avons parlé de notre ami Pierre-Yves, contaminé à 17 ans alors qu'il était encore lycéen et mort la semaine précédente. « Mais comment a-t-il été contaminé ? », fut la seule et édifiante réflexion que lui inspira cette histoire. Le ton était donné.
François Bayrou ne fait plus de déplacement extérieur sans demander auparavant si Act Up est là. Cette peur légitime de se retrouver devant un militant lui faut déployer des trésors d'ingéniosité pour nous éviter. Act Up-Paris n'avait donc pas d'autre choix que d'aller chez lui. Avec discrétion, mercredi 25 novembre, une bonne vingtaine de militants a réussi à entrer dans la cour de son hôtel particulier, juste à côté du ministère de l'Education nationale, un quartier pourtant très fliqué, surtout en ces temps de Vigipirate. C'est donc à 5 heures du matin qu'un concert de cornes de brume et de sifflets a réveillé le ministre et sa famille.
Dès la nomination du nouveau gouvernement, la commission Education nationale d'Act Up-Paris a adressé une demande de rendez-vous au ministre de l'Education nationale, M. François Bayrou. C'est son conseiller technique aux problèmes de santé, M. Crémadeills qui nous a reçus le 11 mai. L'entrevue a été un peu agitée dès son commencement car nous avons manifesté notre déception de n'être reçus par le ministre en personne à qui nous avions quelques mesures d'urgence à demander.
Le dossier Education nationale d'Act Up-Paris travaille depuis plusieurs années sur les problèmes de prévention sida, d'accueil et de droits des malades, à destination des élèves, des enseignants et du personnel administratif de l'Education Nationale.
À l'issue d'une enquête effectuée en juin dernier par la Commission Education Nationale d'Act Up-Paris, il est apparu qu'aucun lycée parisien ne met actuellement de distributeur de préservatifs à la disposition de ses élèves.
La série de zaps organisées le 31 mars dans plusieurs lycées et rectorats de France par les divers groupes Act Up a poussé François Bayrou à nous accorder, le 26 avril, l'entrevue que nous lui demandions en vain depuis plus de 9 mois. Un constat accablant.