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Act Up-Paris lance ce jeudi 25 juin, à deux jours de la Marche des Fiertés LGBT, une campagne sur la prévention en direction des gays. Trois visuels rose fluo seront affichés dans les établissements gais[[Ces visuels seront affichés dans les établissements gais, grâce au concours du SNEG]] et dans les rues de la capitale pour remobiliser la communauté sur la prévention, interroger les stratégies dites de « réduction des risques sexuels » et interpeller les pouvoirs publics sur leur inaction en la matière. Parallèlement une lettre ouverte (ci-jointe) est adressée à l’Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé (INPES) sur l’absence de prévention ciblée gay.

Nous n’avons pas vu de campagne publique de prévention du sida ciblant la communauté gay depuis plus de deux ans. Pourtant les contaminations parmi les homosexuels se diminuent pas, loin s’en faut : en deux ans, près de 4500 ont découvert leur séropositivité[[6500 contaminations par an en France, dont 1/3 d’homosexuels]]. Et les idées reçues – en l’absence de campagnes de prévention ciblées et explicites – vont bon train.

Le « sérotriage »

Adapter ses stratégies de prévention selon le statut sérologique présumé de son partenaire est monnaie courante dans la communauté gay.
Alors qu’on estime que près d’1 pédé sur 5 est séropositif en France, que bon nombre se disent séro-interrogatifs, et que la moitié des contaminations a lieu avec un partenaire primo-infecté (qui vient d’être infecté par le virus et a, en conséquence, une charge virale très élevée), il nous paraît suicidaire d’envisager aujourd’hui le « sérotriage » comme mode de « réduction des risques » dans la population homo. En effet, la certitude d’être séronégatif disparaît dès le premier rapport non protégé et le doute augmente inexorablement au fur et à mesure des prises de risques, même si celles-ci ont lieu entre supposés séronégatifs… « Je baise sans capote parce que… »
Cette affiche aurait pu avoir un pendant sur le « sérotriage » entre séropositifs. Si la question de la transmission du VIH n’est alors plus centrale, d’autres risques sont loin d’être négligeables pour la santé des séropositifs : autres infections sexuellement transmissibles (IST), risques de co-infections hépatites et de sur-infection par d’autres souches VIH. Une piste de plus pour l’INPES qui semble à court d’idées…

L’impact des traitements sur la prévention

L’avis des médecins suisses l’année dernière, puis celui du CNS fin avril, sur l’usage des antirétroviraux comme moyen de prévention ont déclenché force espoirs et polémiques.
Si l’utilisation des traitements et l’incitation au dépistage peuvent contribuer à enrayer la diffusion de l’épidémie, l’avis du CNS rappelle clairement que le seul traitement ne saurait remplacer le préservatif au niveau individuel. Nous constatons toutefois que des déclarations hâtives ont créé une certaine confusion dans la communauté et regrettons qu’aucune campagne ne vienne clairement rappeler qu’avoir une charge virale indétectable dans le sang ne veut pas dire pouvoir se passer de préservatif.
Ce sont ces notions que nous avons souhaité aborder par les deux visuels sur la charge virale. – L’une des affiches expose la liste de conditions qu’il faudrait remplir, selon l’avis suisse, pour réduire les risques de transmission. L’absence d’études sérieuses documentant la charge virale rectale exclut d’emblée l’application d’une telle stratégie dans le cadre de rapports homosexuels. Par ailleurs, qui pourrait assurer ne pas avoir d’IST alors que nombre d’entre elles sont asymptomatiques, ou se dire à l’abri d’une autre infection qui pourrait soudainement faire augmenter sa charge virale ? Dans ce contexte, seul le facteur chance joue un véritable rôle à l’échelle individuelle… si ce n’est pas le cas : sida – L’autre affiche vise à démentir les fausses interprétations et discours qui viennent extrapoler l’avis du CNS : il apparaît plus que dangereux de tirer de recommandations à l’échelle populationnelle des discours de prévention à l’échelle de l’individu. « Sous trithérapie efficace… » À force de décrier l’efficacité du préservatif, en lui opposant de soi-disant méthodes de prévention alternatives, les gens pensent « gérer le risque » et au final prennent des risques. Seule la capote (avec du gel aqueux) protège du sida. Le reste c’est (encore) de la science-fiction.

 

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