Fadela Amara, ex-secrétaire d’Etat à la Ville vient d’être nommée inspectrice générale des affaires sociales. Comme l’a relevé le collectif « Indépendance des Chercheurs », il y a lieu de s’interroger sur la marge de manoeuvre dont elle va disposer dans l’exécution de ses nouvelles fonctions, dont la mission est “le contrôle et l’évaluation de la mise en oeuvre des politiques publiques” [[cf. Mission de l’IGAS : http://www.igas.gouv.fr/spip.php?article45]].
Suite à sa nomination, Fadela Amara a déclaré sur Public Sénat avoir rejoint l’IGAS afin de « continuer à regarder ce qui se passe politiquement, à évaluer les politiques publiques notamment sur les secteurs qui m’intéressent, la cohésion sociale, les questions de santé et d’accès aux droits« . Le rôle de l’IGAS n’est pas de “regarder” la politique comme on regarderait la télévision, c’est une mission d’inspection, de contrôle et d’impartialité qui lui est dévolue !
Les rapports élaborés par l’IGAS sont rendus publics après accord des ministres. En novembre dernier, l’IGAS a remis à Roselyne Bachelot-Narquin, alors Ministre de la Santé, un rapport commandé par le gouvernement portant sur l“Analyse de l’évolution des dépenses au titre de l’Aide Médicale d’Etat”.
Ce rapport a volontairement été gardé secret jusqu’au 30 décembre, une fois la réforme de l’AME adoptée. Or celui-ci confirme en tous points l’expertise des acteurs de terrain : faire payer aux étrangerEs en situation irrégulière l’accès à l’AME et en réduire l’offre de soins est une mesure stérile, inopportune et dangereuse.
Cette dissimulation ne s’explique donc que par une stratégie bassement électoraliste, au mépris de catastrophes sanitaires annoncées et confirmées.
Ce que Fadela Amara peut “regarder” dès aujourd’hui, c’est la manoeuvre honteuse du gouvernement auquel elle appartenait il y a encore 6 semaines ; ce sont les contradictions entre les intérêts de Santé publique et les actuelles politiques répressives mise en oeuvre par ses pairs d’hier. Ce qu’elle peut déjà contempler, ce sont les étrangerEs sans-papiers qui seront mortEs demain, faute de soins.
Hélas, les 3 ans qu’elle a passés au Gouvernement ne nous ont pas habituéEs à une quelconque indépendance de sa part vis à vis de la politique gouvernementale, dont elle n’a été qu’une caution « issue de l’immigration » et soi-disant féministe.
Act Up-Paris exige que Fadela Amara communique immédiatement et publiquement sur la censure de Roselyne Bachelot-Narquin, Xavier Bertrand et Nora Berra concernant le rapport IGAS sur l’AME. A défaut, qu’elle démissionne de ses fonctions, reconnaissant ainsi son incapacité à évaluer aujourd’hui des politiques élaborées par ses collègues d’hier.