Mercredi 2 mars, lors de la présentation du Rapport 2010 de l’OICS (Organisation Internationale de Contrôle des Stupéfiants), des militantEs d’Act Up–Paris ont distribué le tract « OICS, ennemi de la réduction des risques ».
Notre tract dénonçait la politique criminelle que mène cet organisme : en maintenant une « guerre à la drogue » aussi vaine que coûteuse, l’OICS empêche la prévention du VIH et des hépatites virales auprès des usagErEs de drogues à travers le monde. La structure s’est par ailleurs compromise en soutenant des meurtres de masse d’usagErEs en Thaïlande en 2003. Elle continue à s’opposer aux actions innovantes de réduction des risques, comme les salles de consommation supervisée. Au cours de notre tractage, Raymond Yans (à gauche sur la photo), membre de l’OICS, inquiet d’un « débat » possible pendant son intervention, est allé à notre rencontre. Sur l’opposition de l’OICS aux salles de consommation supervisée, il a répondu que « c’est parce que les usagerEs obtiennent leur drogue de manière illégale » en dehors des salles de consommation. En suivant cette même logique, on pourrait aussi s’opposer aux programmes d’échange de seringues. C’était d’ailleurs l’argument des opposantsE à leur mise en place dans les années 1990, dont le lobby a retardé la mise en place d’actions qui auraient pu éviter des contaminations et sauver des vies. Raymond Yans assume-t-il cet héritage ? Plus surprenant : il a affirmé que « l’OICS ne s’était jamais opposé aux programmes d’héroïne médicalisée », et que « l’une des recommandations de l’OICS pour les gouvernements était même la mise à disposition des produits stupéfiants pour la recherche et la médecine ». Enfin, questionné sur la position de l’OICS sur les programmes d’échange de seringues en prison, sa réponse a été agréablement surprenante : « l’OICS n’y voit pas d’inconvénient du moment qu’ils sont médicalement encadrés ». C’est déjà un début mais on est encore loin de l’arrêt de la guerre à la drogue, réclamé par les scientifiques du monde entier dans la Déclaration de Vienne et par le rapporteur de l’ONU sur le droit à la santé. D’un autre coté, l’argument majeur de la MILDT [[MILDT : Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.]] et de l’Académie de Médecine pour s’opposer aux salles de consommation s’appuie sur l’avis négatif de l’OICS. Puisque l’OICS est favorable aux Programmes d’Echange de Seringue en prison et aux programmes d’héroïne médicalisée, rien ne retient désormais la MILDT d’en faire l’expérimentation en France. À moins qu’au fond, la MILDT et le gouvernement soient opposés à la politique de réduction des risques. Dans ce cas, s’ils ne peuvent la supprimer, ils mettront tout en œuvre pour la bloquer et retarder l’expérimentation d’outils innovants.