A l’occasion de ses obsèques ce lundi 8 août 2011, Act Up-Paris rend hommage à Rudolf Brazda, mais aussi à Pierre Seel, et toutes les personnes que le régime nazi a harcelées, forcées à porter le triangle rose et déportées dans des camps de concentration.
Rudolf Brazda a passé les dernières années de sa vie à témoigner de ce qu’il avait vécu et vu parce qu’homosexuel. Il a ainsi poursuivi le travail de mémoire commencé par Pierre Seel en 1982.
Il aura fallu attendre le milieu des années 2000 pour que les cérémonies officielles françaises de commémoration de la déportation commencent timidement à accepter d’évoquer les déportés homosexuels. Malgré les progrès depuis une décennie, la question est encore très peu travaillée par les historienNEs de l’hexagone. La déportation des lesbiennes et des autres minorités sexuelles est encore ignorée. Comme si, à l’horreur de la déportation, il fallait encore rajouter le silence, la honte et l’oubli volontaire.
Par leurs témoignages, les survivants comme Rudolf Brazda ou Pierre Seel ont permis de combattre ce silence, cette honte et cet oubli. Et leur combat doit aujourd’hui être relayé par les historien-nes, les responsables politiques, et chaque citoyen-ne.
Parce que la haine des homosexuel-les et des trans continuent de tuer, qu’elle prenne la forme de violence individuelle, de groupes ou même d’un Etat. Faut-il rappeler encore les pays où être homosexuel-le est un crime passible de la peine de mort ?
Le triangle rose que les déportés homosexuels devaient porter comme marque d’infamie, Act Up a choisi de l’utiliser comme emblème, mais en le retournant. Pour passer de la honte à la fierté. Comme signe de combat. Parce que les milliers de pédés que le sida tuait à ses débuts, quand l’association a été créée, crevaient dans la plus parfaite indifférence des états et des membres de la société, ces mêmes états et ces mêmes membres de la société qui jetaient le voile sur la déportation homosexuelle, et pour certains qui l’avaient soutenue.
A l’occasion de ses obsèques ce lundi 8 août 2011, Act Up-Paris rend hommage à Rudolf Brazda, mais aussi à Pierre Seel, et toutes les personnes que le régime nazi a harcelées, forcées à porter le triangle rose et déportées dans des camps de concentration. Act Up-Paris rend aussi hommage aux déportéEs lesbiennes, travestiEs, trans, « associauxALEs ».
En prenant la parole, en témoignant, Rudolf Brazda, Pierre Seel et d’autres n’ont pas simplement lutté contre l’oubli institutionnalisé des horreurs de la déportation homosexuelle ; ils ont aussi donné une force aux luttes d’aujourd’hui, contre une haine envers les minorités encore d’actualité.