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« La mort nous choque, et encore plus quand les corps et les visages sont abimés par la décomposition. Cette image vous choque ? Imaginez que cette personne soit votre enfant, votre mère, un être que vous avez aimé et dont vous devez faire le deuil. En juillet 2010, pour son incinération, le visage et le corps de Christian n’avaient pas fait l’objet de soins post mortem. C’est ainsi qu’il a été présenté à ses proches, dont moi. Vous pouvez imaginer dans quel état il était. C’est sur cette image que j’ai dû quitter celui qui a accompagné ma vie pendant 18 ans. Chaque fois que je pense à lui, il me faut du temps pour retrouver son vrai visage.

Michelina_De_Cesare.jpg Or, ce que l’on m’a imposé est parfaitement réglementaire ! Un arrêté de 1999 interdit les soins funéraires aux personnes qui vivaient avec le VIH. Le ministère de la santé prévoit de maintenir cette interdiction dans une suite de textes qu’il va publier les semaines à venir. Malgré l’opposition unanime des associations. Malgré les rappels des plus grands spécialistes du sida, qui assurent que les recommandations universelles en matière de soins funéraires, préconisées par l’OMS, suffisent pour éviter une contamination. Le maintien de cette discrimination est préconisé par le Haut Conseil de Santé Publique sous prétexte que certains praticiens ne respecteraient pas ces règles de sécurité. Si on doit en croire ces instances, cette mesure pénaliserait donc les séropos et leur entourage parce que certainEs ne font pas bien leur métier ? Comment la société peut-elle imposer cela aux familles et proches des séropos qui viennent de mourir ? Et pour nous qui vivons avec le VIH, comment ne pas songer avec horreur à l’instant où on imposera à notre entourage la vue de nos corps abimés lorsqu’ils viendront à nos cérémonies funéraires ? Comment les membres du Haut Conseil de santé publique en arrivent-ils et elles à justifier une mesure discriminatoire qui n’amène que violence et chagrin, et nourrit auprès des professionnelLEs des illusions sur la sécurité de leurs pratiques ? Comment, enfin, un ministre de la santé peut-il sans hypocrisie dire qu’il faut lutter contre les discriminations envers les personnes vivant avec le VIH en maintenant une discrimination au-delà de notre mort ? Cette interdiction est intolérable. Elle doit être levée. Nous n’attendrons pas les élections. Nous ne supportons plus la violence de cette mesure. Nous voulons faire notre deuil dans des conditions dignes. » Fred Navarro, 23 décembre 2011 Alors que le Conseil national du sida alerte sur l’imminente publication d’un arrêté qui va maintenir l’interdiction des soins funéraires infligée, à leur mort, aux personnes qui vivaient avec le VIH, nous diffusons ce message de Frédéric Navarro, notre président, qui a été confronté aux conséquences monstrueuses d’une telle mesure à la mort de son compagnon. Act Up-Paris exige que le gouvernement mette fin à cette discrimination indigne et publie un arrêté qui mette fin à l’interdiction de soins funéraires pour les personnes vivant avec le VIH. Nous exigeons un engagement public dès ce jour de la part d’un membre du gouvernement ou de Nicolas Sarkozy que cette interdiction sera abolie.